Pourquoi le marxisme a fait pschitt (ou plutôt boum)?
Je crois que ça va vous intéresser, mon lecteur, même en plein mois d'août. Le sort de notre pauvre XX° siècle vous tracasse trop et il faudrait quand même que les leçons de l'histoire ne soient pas perdues quand elles sont si claires et si limpides. Ça peut nous servir pour notre XXI°.
Simone Weil disait que le marxisme était un mélange de romantisme français et de matérialisme anglais. Drôle de mélange ? Les Chinois ont bien inventé de mélanger du soufre et du salpêtre !
J'ai traité il y a quelques jours du super-individualisme romantique mais comme tout extrême possède un contre-pôle, on observe dans le premier XIX° français une furieuse volonté réformatrice. Tandis que le socialisme républicain commençait, en 1848 à mettre en œuvre des réformes réalistes, une pléiade d'esprits plus ou moins fêlés se mit à échafauder les plans de la cité parfaite, comme si on changeait de société comme on remplace un pneu crevé. Générosité, enthousiasme, illusion, utopie ! Engels traita les autres de fou et réussit à faire croire que Marx seul avait trouvé la formule, le collectivisme.
Voilà pour l'enflure révolutionnaire. Mais en plus, cette enflure réussit à se faire passer pour scientifique grâce à intense pilonnage publicitaire. Les économistes anglais avaient dit que c'était l'intérêt qui mène le monde. Marx a cru les contredire en transformant l'intérêt privé en intérêt collectif, mais il conserva une doctrine matérialiste ignare en matière de sociabilité quotidienne, piétinant croyances, morale, habitudes, tabous, délicatesses, rites, pudeurs, etc.
Vous allez me dire, mon lecteur, que l'utopie et la science, ça ne va pas du tout ensemble. En réalité les bons sentiments et la certitude d'avoir raison se sont renforcés l'un l'autre jusqu'en 1917 où Lénine s'est mis à appliquer la formule par la force. Les résultats ont été immédiatement catastrophiques, des millions d'hommes sont mort de faim. Le volontarisme et la propagande ont fait durer l'illusion, en tout cas, chez les intellectuels français jusqu'en 1975. Tout a fini par s'écrouler dans un immense fracas.
Photo : écrire un billet depuis le marché de Lourmarin