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Nous devons grâce et bénignité aux bêtes et aux plantes



Hier, dans le jardin de Sabine, Sandra et Agathe ont pris la défense des animaux cruellement mis à mort dans les abattoirs. Aimant développer des paradoxes, j'ai soutenu que là n'était pas le plus grave, que de toutes façons, ces animaux n'auraient même pas vécu si les hommes ne les avaient pas fait naître en vue de les manger, qu'aujourd'hui, l'extermination des insectes était une affaire beaucoup plus sérieuse et que, chaque jour, le journal apportait de mauvaises nouvelles sur le glyphosate et l'artificialisation des terres.

Vous n'avez pas débroussaillé le champ d'oliviers, cette année, m'a demandé François l'autre jour ? Non, je n'ai pas eu cette cruauté, sachant que des millions de sauterelles, de papillons et d'insectes bourdonnants seraient pulvérisés ou asséchés si je sortais le tracteur. Je ne sais ce qu'Agathe et David ont pensé de mon petit couplet sur la tondeuse à gazon, instrument fasciste, chéri des Français. Je ne veux voir qu'une seule tête, tel est le message totalitaire adressé par la gyro-broyeuse au trèfle, à la bourrache, au fenouil, au chiendent, à l'asparagus, au pissenlit, au plantain, à la roquette, aux scabieuses, aux mauves, aux cornouillers, etc., à l'instar de la mauvaise reine d'Alice au pays des merveilles qui ordonnait systématiquement : Qu'on leur coupe la tête !

Le socialisme, avant que le marxisme ne l’ait dénaturé, c’était le besoin que ressentait l’Occident déshumanisé par la volonté de puissance de revenir à la douceur et à l’humilité. Citations :

Montaigne : « Nous avons un devoir d’humanité non aux bêtes seulement, mais aux arbres mêmes et aux plantes ; nous leur devons grâce et bénignité : il y a quelque commerce entre elles et nous, et quelques obligations mutuelles. » (Essais, III, 11)

Michelet : « L’Orient en est resté à cette croyance que l’animal est une âme endormie et enchantée. Le Moyen Âge, malgré ses clercs, y est revenu. L’Inde a gardé la tradition de la fraternité universelle. Quand vous serez fatigué de cet Occident disputeur, donnez-vous la douceur de revenir à cette majestueuse antiquité si noble et si tendre. » (Le Peuple, 1846, p. 196)

Péguy : « Aucun vivant animé n’est banni de la cité harmonieuse. Les animaux sont concitoyens des hommes qui ont envers eux des devoirs d’aînesse. » (Marcel, Pléiade, t. 1, , 12)

Lévi-Strauss : « En séparant radicalement l'humanité de l'animalité, l’homme occidental a ouvert un cycle maudit. »

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