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Les racines sont-elles de droite ou de gauche ?


Quand les chasseurs-cueilleurs sont devenus sédentaires, quand ont été ouvertes les routes de la soie, quand fut découverte l'Amérique, avec la traite des Noirs, à chaque fois, les pandémies ont fait le tour du monde. Aujourd'hui, la carte de la pandémie est superposable avec celle du trafic aérien. J'aime bien le chiffre trois, mais ce matin, j'ai tiqué, quand j'ai entendu à France-Culture le professeur Philippe Sansonetti expliquer avec une clarté parfaite qu'au réchauffement climatique et à la chute de la biodiversité, il fallait désormais ajouter les pandémies aux fléaux liés à la mondialisation.

Ces trois épées de Damoclès ont les mêmes causes : une croissance et une mobilité débridées. Il se pourrait bien que cela oblige à revoir le vieux dilemme enracinement/déracinement. Jusqu'à maintenant, les racines sont de droite. Dès la Révolution les grands penseurs réactionnaires comme de Maistre, Bonald ou Chateaubriand faisaient l'éloge de la terre et des ancêtres. Ça a continué avec Charles Maurras et Maurice Barrès. Et puis sont venus Pétain et le Front national. La cause semble entendue : les racines ne sont pas de droite : elles sont fascistes ! C'est clair ?

Non, ce n'est pas clair du tout ! D'abord parmi les grands déracineurs, il y a des gens de toutes sortes, il y a les banquiers et les commerçants, mais il y a aussi les grands planificateurs collectivistes qui disent que les prolétaires n'ont pas de patrie.

Nos pendules idéologiques doivent être remises à l'heure, grave ! Regardez Giono que les communistes traitaient de facho : le vent de l'écologie souffle dans ses voiles. Regardez le socialisme français de 1848, quelques peu anarchiste, favorable aux associations, aux coopératives, aux mutuelles et que le collectivisme marxiste a liquidé avec les conséquences qu'on sait. Ces socialistes-là disaient d'ailleurs qu'il fallait faire place aux morts dans la cité autant qu'aux vivants. Regardez les maraîchers néoruraux de nos villages qui produisent sans pesticides : tout le monde se jette sur leurs paniers en ces temps de confinement. Lénine aurait mis ces koulaks au goulag, provoquant une famine monstre !

Conclusion ? Je l'emprunte à Simone Weil qui, face aux grands totalitarismes modernes demandait qu'aux Droits de l'homme, on ajoute le droit à l'enracinement. Elle ajoutait cependant : Mais le déracinement, c'est la vie de l'esprit !

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