Un bel abri-poubelle
Ça fait des années que Vincent me dit de cacher ces poubelles qui accueillent les visiteurs chez nous. Il y a deux grands conteneurs noirs pour les papiers, verres et plastiques et un vert pour le reste. Il est vrai que le reste, il n'y en a guère car, chez nous, à défaut de faire du compost, tout l'organique est rendu à la grande nature, comme dit Baudelaire qui, pourtant, ne l'aimait guère, la nature, plaçant visiblement l'effroi devant l'admiration (mon dernier billet). Entre parenthèses, c'est moi qui faç le service des poubelles, le moins souvent possible d'ailleurs, bilan carbone oblige. Donc, ceci me regarde.
Je me faisais tirer l'oreille parce que les abris-poubelles qu'on voit un peu partout, sont à pleurer, encore plus déprimants que les poubelles elle-mêmes : des petits murs d'agglos minçoulets, crépis d'une pâte jaunasse, des palissades de bois exotique strié passées au brou de noix, des petits portillons articulés sur une charnière à ressort... ! Quels tristes cache-misère,s vous ne trouvez-pas, mon lecteur ?
Ce qu'il nous faudrait, c'est un bel abri-poubelle ! Dans un de ses premiers dialogues, Socrate se demande ce qu'est une beau seau à fumier et fait une réponse purement fonctionnaliste. Ce panier ne doit pas être trop petit pour ne pas multiplier les allées et venues du palefrenier, pas trop lourd pour ne pas l'éreinter et surtout bien équilibré pour pas qu'il risque de se le renverser sur ses pieds. J'avais en somme le même problème.
Après des semaines de discussion avec Michèle et plusieurs coupss de téléphone à Vincent à Paris, démocratie oblige, j'ai réussi à faire accepter mon point de vue. Après tout, celui qui fait, c'est celui qui voit. Je suis allé à la SIMC, j'adore aller à la SIMC, pas à cause de la petite caissière comme Guy Chalet, paix à son âme, mais à cause des hommes rudes et cordiaux qui font le service, et j'ai acheté 17 chevrons de 5 par 7 cm en 3 mètres. Je les ai coupés en deux parties égales et je leur ai préparé un petit lit de béton dans lequel je les ai tanqués, comme on dit en Provence, verticalement à intervalles réguliers de 4 cm, un peu comme ces gens qui ont les dents écartés, si bien qu'à moins de se planter devant, bien d'équerre, on ne voit rien. Laurent m'a prêté sa visseuse et je me suis fait un jeu de renforcer le tout par deux chevrons horizontaux qu'on ne voit pas, placés à l'intérieur. Entre parenthèses, quelle révolution pour le charpentier, la visseuse !
Pas de portillon : on balance les déchets par dessus la palissade et on fait le tour pour sortir les récipients.
Voilà ce que j'appelle un bel abri à poubelles ! Qu'en dites-vous, mon lecteur ?