Jésus croyait-il en Dieu ?
C'est drôle, toutes les femmes que j'ai aimées, Dieu sait qu'il n'y en a pas beaucoup, il faut que je leur parle de son existence, de Dieu. Hier, descendus faire quelques courses rue d'Aubagne, nous avons donc parlé de l'existence de Dieu, Michèle et moi, en dégustant un excellent plat de polenta aux cèpes à L'Épicerie L'Idéal. Michèle trouvait que Jésus parlait souvent de Dieu dans les Évangiles. Peut-être, mais en quel sens ? À vous aussi, je vais en parler une minute, mon cher lecteur.
D'abord, dans l'Évangile, je vois trois choses, 1) une démolition de la piété traditionnelle fondée sur l'observation stricte de certaines règles extérieures ; 2) une psychologisation de la morale fondée sur la pureté du cœur, la fin de la jalousie, l'amour du prochain ; 3) la foi en notre Père qui êtes aux cieux.
Mais comment entendre cette paternité et cette filiation ? Il y a clairement deux interprétations. La plus conventionnelle affirme l'existence d'un Dieu personnel habitant dans un ciel coupé de notre monde à nous par une frontière métaphysique absolue. Il en découle une vieille polémique bien stérile entre les athées et ceux qui s'accrochent à cette idée. Discussion oiseuse à mon sens. Je préfère tellement la remarque de Pierre Leroux que ouranos, le ciel, désigne la lumière bien plus que la stratosphère et aussi la lecture symbolique, c'est-à-dire psychologique, de Paul Diel justifiée par cette parole de Jésus que Le Royaume de Dieu est en nous.
À partir de là, la syllabe Dieu avec sa dentale et sa diphtongue désigne un fait incontestable : nous sommes entraînés et traversés par le flux de la Vie universelle, ce qui provoque en chaque homme deux sentiments aux proportions variables, l'admiration et l'effroi. On peut, sur cette base, commencer des réflexions consistantes et nourricières, sans se payer de mots creux.
Dieu immanent, en somme, ou Dieu transcendant. Mais je suis partisan de ne pas trop accuser la distinction. Après tout, est-il sûr que ceux qui défendent l'idée d'un Dieu transcendant y croient tant que ça et ne se courbent pas sous la tradition, l'autorité et, même, la paresse. En les attaquant à partir de l'athéisme, on les braquera au lieu de faciliter un passage du dogme vers le symbolisme. Et puis l'athéisme lui-même risque bien d'être aveugle à la dimension symbolique contenue dans la tradition religieuse.
Vous êtes d'accord ?