Quand on allume le feu, c'est comme quand on allume la télé
Tandis que les amandiers en pleine floraison commencent à affoler les abeilles, je m'apprêtais à vous entretenir du capitalisme pour vous dire qu'il n'existait pas, et puis je me suis dit que ça risquait de vous ennuyer, mon cher lecteur. Ainsi, Béatrice m'a dit l'autre jour qu'elle en avait assez des grandes discussions et qu'elle préférait se tenir au ras des êtres et des choses. Je ne vous dirai donc pas qu'il me parait vain de se fâcher contre le système capitaliste comme si ce système était une chose, par exemple comme la roue d'un véhicule qu'on pourrait changer en cas de crevaison, ou qu'il est encore plus stupide de croire que le capitalisme, ce sont quelques têtes qu'il suffirait de couper pour que nous nous retrouvions entre nous. Il aurait fallu que je vous dise qu'à la vérité, le capitalisme passe à travers chacun d'entre nous chaque fois que nous entrons en rivalité avec notre prochain. On aurait conclu que dans la guerre de tous contre tous, comme dirait René Girard, il y a seulement des gagnants et des perdants et qu'il n'est pas du tout sûr que les fonctionnaires soient plus généreux que les commerçants...
Laissons donc ce sujet et partageons le plaisir d'avoir allumé un bon feu dans la cheminée. J'avais repéré un amandier, mort celui-là depuis des années, au bord de la route, dans un petit ravin. Le voici débité en rondins inflammables comme des allumettes, et me voilà à me chauffer les côtes après une rude journée de maçonnerie. Sentez-vous la bonne odeur du feu de cheminée dont le spectacle semble à Antonia aussi beau que la télé ?