Êtes-vous nationaliste ou déconstructeur ?
Voilà la question horripilante à laquelle nous sommes soumis sans arrêt. Vous voyez de quoi je parle ? Alors je vais en donner trois exemples.
J'ouvre l'Histoire mondiale de la France, le best seller dirigée par Patrick Boucheron. Ça marche par grandes dates. Je regarde la table des matières : pas de 18 juin 40 !
Je vais voir le film de Polanski, J'accuse et, le lendemain, j'ouvre Le Monde des Livres : Je tombe sur un article signé Nicolas Weill Le Colonel Picquart, un héros sous réserve.
Emmanuel Macron préside l'hommage aux Invalides des 13 soldats morts au Mali : Le Monde fait des commentaires acidulés sur l'appétence du Président pour les héros, figures-clés de ses discours, sur la construction assumée d'un discours national, non dépourvue d'arrières-pensées politiques.
Ça y est ? Je suis fiché ? Pas S, bien sûr, mais réac, ringard, relou... On ne discute même pas avec des gens comme ça... c'est perdre son temps...
La grande difficulté par les temps de manichéisme que nous vivons, c'est de ne pas être renvoyé dans le fossé opposé quand on prend ses précautions d'un côté. Quand on n'est pas déconstructeur, on est tout de suite soupçonné d'être nationaliste, raciste, colonialiste, machiste, homophobe.
Alors, quelle est la ligne politique proposée dans ces billets qui se succèdent depuis bientôt trois ans ? Ce ne sera ni le nationalisme ni la déconstruction systématique. Vous le savez, c'est le socialisme républicain, lequel est tout le contraire de réac, lequel est la vraie alternative au monde comme il va... C'est le programme social de Robespierre résumé par la déclaration des Droits de 1793, c'est Pierre Leroux dont je parle tout le temps ici, c'est l'esprit du printemps 1848 qui prépara déjà la Sécurité Sociale et la législation du travail, c'est Clemenceau qui remit Jules Ferry à sa place quand il disait que les races supérieures doivent civiliser les races inférieures, c'est le dreyfusisme incarné par le colonel Picquart, par Péguy, par Bernard Lazare et par Proust, c'est Jaurès, tant qu'il ne fut pas trop aimanté par le marxisme, c'est de Gaulle à l'avant-garde de la résistance contre Hitler, avec son programme socialiste de 1945 et avec la décolonisation.
À part, ça, c'est vrai, ou plutôt, pour toutes ces raisons, je ne suis ni marxiste ni déconstructeur. Et vous, mon lecteur, vous êtes quoi ?