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Sur les quais

En sortant de chez le dentiste mercredi, j'ai remonté la Canebière en plein travaux électoraux, fait quelques emplettes à Noailles en attendant l'ouverture de l'Alcazar. J'y ai emprunté quelques films au hasard dont Sur les quais d'Élia Kazan. Il y a longtemps que je n'ai pas été emballé à ce point. Bien sûr, il y la belle gueule de Marlon Brando, les superbes images expressionnistes de Kazan en noir et blanc sur le port de New York en 54 et le monde des dockers. Mais ce qui donne sa force et son envol à cette histoire de syndicat maffieux, c'est la parole inspirée d'un pasteur qui arrive à secouer l'apathie des prolétaires soumis à la loi de l'omerta à coups de citations de Matthieu 25. Vous supporterez de relire avec moi ces paroles de feu, ô les plus mécréants de mes lecteurs ?


Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs. Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.

Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite :

“Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”

Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu ? Tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? Tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? Tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? Tu étais nu, et nous t’avons habillé ? Tu étais malade ou en prison ? Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?”

Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait au plus petit d'entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait.”

Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.”

Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?”

Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits d'entre les miens, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.”

Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »


Vous avez bien apprécié toutes ces répétitions, dont se souviendra Péguy, mon lecteur, réservées pour tous les sourds et malentendants et pour tous ceux qui ont la mémoire courte, et si vous ne comprenez pas bien le langage symbolique de l'époque, si vous vous demandez où se trouve au juste ce fameux Royaume dont parle Jésus, reportez-vous à Luc 17 où Jésus répond à des Pharisiens qui lui posent la même question : On ne dira point : voici, il est ici; ou voilà, il est là car le Royaume de Dieu est au-dedans de vous. Ou prenez Matthieu, 6 : Car là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur.



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