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Le retour du point sublime qu'on avait refoulé


Les animaux ont deux techniques de fuite, les uns restent en bande, les autres se dispersent. Nous, les hommes, nous avons les deux méthodes et quand ça sent le roussi, nous avons la solution fasciste et la solution individualiste ; l'agglutination ou le sauve-qui-peut ; la meute ou le Moi, moi, moi ! Je vous laisse choisir, mon lecteur, laquelle est la pire.

Ce qui est sûr, c'est que pour parer aux pires désordres, l'humanité a toujours façonné un point sublime, éminent, sacré, qui édicte des normes absolues, inviolables, taboues. Pendant 90 % de l'histoire humaine, ce point sublime, c'étaient les ancêtres mythiques qui avaient dit une fois pour toutes comment il fallait vivre et mourir.

Il y a quelques milliers d'années seulement, dans une petite partie de la terre seulement, quelques petits peuples ont cru mieux faire en plaçant ce point sublime encore plus haut, carrément hors du monde, et en concentrant son autorité sous un phonème unique, Jéhovah, Dieu ou Allah. C'était peut-être exagérer les choses... Aussi avons-nous finalement décidé de nous affranchir d'une pareille tutelle, un peu comme certains contestent le pouvoir présidentiel absolu sous la V° République. En tout cas, le fait est que la société occidentale s'adonne à l'économie et au commerce de façon tout à fait débridée. L'honneur et le salut, spécialités respectivement de la noblesse et du clergé avant l'invention de la guillotine, ont disparu du vocabulaire moderne.

Alors évidemment, c'est un peu le n'importe quoi dans notre monde terraqué, mais par une sorte d'ironie providentielle, le point sublime dont nous avions cru pouvoir nous affranchir en prenant nous-mêmes le gouvernail des affaires humaines, ce point sublime reparaît sous une forme inattendue, sous la forme d'une épée de Damoclès, comme on dit, suspendue au dessus de nos têtes. Nous avons bien ri des Gaulois, ces naïfs, et nous revoilà le nez en l'air à scruter un ciel qu'on croyait désert et à le prier de nous envoyer que 2 degrés supplémentaires plutôt que 6... Alors chacun pour soi ou la résistance organisée, tel est le dilemme ?


Photo : toile de Caspar David Friedrich.

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