Bagarre dans les sables mouvants
Vous connaissez cette toile de Goya ? Occupés à s'exterminer à coups de gourdins, ces deux combattants sont déjà enfoncés jusqu'aux genoux alors qu'il serait peut-être encore temps de gagner les rochers voisins...
Nous voici engagés dans la décennie la plus importante de l'histoire de l'humanité. Je ne sais pas si vous êtes de droite ou de gauche, mon lecteur, mais, si on comprend bien le propos de Goya, cette rivalité est aussi caduque et morbide que la compétition pour la surproduction et la surconsommation d'avions, de gasoil, de plastique ou de viande.
Et pourtant, c'est À bâbord, toute ! qu'il faut barrer, je veux dire vers la règle, la régulation et la loi, vers la némésis pour brider l'hubris, disait Ivan Illich. Je n'hésite pas, même, à emprunter deux formules à François Ruffin, ce gauchiste : Le débat ne porte plus sur le niveau de vie, mais sur la vie elle-même. La question n'est plus celle des moyens mais celle des fins.
Si ce n'est pour la justice sociale qu'on réclame la régulation, que ce soit par égard pour la nature, c'est-à-dire pour nous-mêmes.