Peut-on vieillir heureux ?
J'aime beaucoup cet illustrateur, Jean Claverie : qu'en pensez-vous, mon lecteur ? Il faudrait envoyer cette image à Alain Finkielkraut qui, dans sa récente émission Répliques dont j'ai emprunté le titre, n'a trouvé à parler que rhumatismes, viagra, Alzheimer et euthanasie, et qui a complètement oublié la transmission.
J'avais, ma foi, préféré la conférence donnée par Philippe Gutton et Marie de Hennezel à Old'up autour de leur livre Et si vieillir libérait la tendresse… Tendresse dans le couple, mais aussi d'une génération à l'autre. Penser à ces vieux tout courbés qui continuent, au ralenti, à s'affairer pour rendre de menus services aux leurs. Un octogénaire plantait, mais ce n'est pas pour lui.
Voilà qui convient assez bien à ce jour de Toussaint puisque il est vrai que nous dégustons les fruits que nos anciens ont semés. C'est la loi de la vie que résumait Pierre Leroux en disant : Le vivant se nourrit du mort.
Non, le présent n'est pas tout. Ce que montre cette image, c'est un formidable talent pianistique acquis tout au long d'une vie et que le jeune enfant admiratif aura à cœur d'acquérir à son tour. Cet instantané est donc en réalité une compression des 3 moments du temps. C'est une vérité et un fait qui donnent lieu à un échange de sentiments entre le pianiste et le garçonnet.
Alain Caillé, dans son ouvrage dont j'ai parlé mercredi, dit encore cela : Le monde que nous habitons nous a été donné. C'est une grâce même si on ne sait pas de qui elle provient au juste. Nous en jouissons, plus ou moins gracieusement d'ailleurs, et rendrons ce monde à notre tour, embelli ou abîmé, c'est la grande question.
Conclusion : la vie est un chemin.