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En amour, tout ne finit que de très près


Le visage est l'expression de la personne. En amour, c'est par là que tout commence. J'ai découpé dans le journal celui de cette inconnue qui nous regarde par dessus ses lunettes de soleil et l'ai collé dans mon exemplaire de La Chartreuse de Parme, sur l'intérieur de la couverture. J'ai commenté bien des fois ce roman devant mes étudiants de licence. C'est tout à fait comme ça que je vois la Sanseverina, cette femme vitamine que tout le monde aime sauf Fabrice, qu'elle aime. Mais comme le dit si bien Valmont dans Les Liaisons dangereuses : en amour rien ne se finit jamais que de très près. C'est pourquoi j'ai collé à la fin du livre L'origine du monde de Courbet que vous pourrez admirer au bas de ce billet. Bien sûr, aucune étudiante ne l'a jamais su.

Pour l'homme de nature, remarque Rousseau, toute femelle est bonne. Quelle simplification, en effet ! Mais pour nous, il est trop tard... nous ne redescendrons vers l'origine du monde que si l'âme nous a d'abord captivé par le regard, par le sourire, par la voix, par les paroles ailées.

Je ne connais qu'une exception. Dans Les Particules élémentaires, de Houellebecq, Bruno et Catherine font connaissance le nuit dans un jacuzzi. Et ça marche... Moi-même, sur la plage du Palm Beach à Ajaccio, route des Sanguinaires, à la recherche du meilleur soleil, j'avisai un beau jour trois paires de fesses si superbes que je plaçais ma serviette auprès, un peu en biais, dans l'espoir d'en savoir davantage, mais quand leurs propriétaires se redressèrent, leurs voix éraillées et snobs me firent tôt relever et passer mon chemin.

Nous sommes devenus si sélectifs ! Décidément, il n'y a qu'un chemin, qui ne descend qu'après s'être élevé. Qui ne s'élève que pour descendre ?

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