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Les étoiles sont aussi des soleils (Pierre Leroux)


Mon éditeur m'a donné le feu vert ! Il y a longtemps que je voulais consacrer un petit volume aux textes de Pierre Leroux consacrés à l'Inde et à la Chine. La Troisième République a tellement cru sa civilisation supérieure aux autres. Là, on est bien avant, en 1832. Or le fondateur du socialisme républicain prenait les choses sur un tout autre ton en étudiant les traditions religieuses orientales.

Notez bien, mon cher lecteur qu'à cette époque, l'Église catholique était toute noire. Mais vous remarquerez que la fermeté de Leroux ne s'accompagne d'aucun ressentiment envers sa propre culture.

Je me suis donc replongé dans les vieux textes. Je vous en livre une des plus belles pages :

Voyez comme ce texte est bien écrit et comme il tombe juste, comme un pantalon bien repassé, une opérations arithmétique bien faite :


L’esprit humain, dans notre Occident, a été sous le servage d’Aristote, sous le servage d’Homère, et il est encore aujourd’hui sous le servage de Jésus Christ. Combien a‑t‑il fallu de temps pour arracher la science à l’empire absolu d’Aristote ! Après la Renaissance, combien de temps pour soustraire l’art au respect superstitieux des poètes de l’Antiquité !

À mesure que les figures orientales se dévoileront, celle de Jésus, sans perdre de son doux éclat et de sa rayonnante majesté, deviendra plus humaine. Par la comparaison, nous saisirons mieux sa nature véritable, ses traits d’homme, la physionomie de son âme. Il sera encore un guide pour l’humanité, un jalon placé sur sa route ; mais il ne sera plus, ce qu’on l’a fait, un tyran.

Ainsi le point de vue de l’esprit humain changea quand l’astronomie eut appris aux hommes que ce soleil qu’ils regardaient comme un astre unique n’était pas seul de son espèce, et que ces étoiles dont les premiers hommes, pendant tant de siècles, faisaient son cortège et les signes de sa demeure, étaient aussi des soleils.

Photo : toile de Fabienne Verdier, Musée Granet à Aix.

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