Quelques citations bien pimentées (Garcia Marquez)
Je retrouve quelques citations érotico-romantiques prises à la volée à la lecture de De l’amour et autres démons et de Mémoire de mes putains tristes de Gabriel Garcia Marquez. Il serait égoïste de les garder pour moi. Régalez-vous donc, mes chers lecteurs, comme dit le restaurateur de Vaugines. C'est à Carthagène des Indes.
À propos d’une esclave abyssinienne exposée sur le marché, où elle danse nue, à la beauté irrésistible, non marquée au fer : « Aucune femme, si belle soit-elle, blanche ou noire, ne vaut son poids d’or, sauf si elle cague des diamants. »
Juda Iscariote, torse nu, lutte avec un taureau sur les marchés. Embrasse ensuite les femmes contre espèces sonnantes. Bernarda lui demande son prix : « Un demi-réal. » Elle ôta son masque : « Je te demande ton prix pour toute la vie. »
Au passage de Maria Servia, un échafaudage s’écroula dans un fracas infernal. Un maçon fut tué et sept ouvriers furent blessés.
Avec vous, je pourrais bavarder jusqu’à la consommation des siècles.
Elle apprit que les démons étaient les mêmes en Amérique qu’en Europe mais que leur conduite et leurs patrons étaient différents.
Une femme ne pardonne jamais à un homme de l’avoir dédaignée.
J’ai trouvé Damiana à quatre pattes dans le salon en train de frotter le carrelage et la jeunesse de ses cuisses a suscité en moi un tremblement d’une autre époque. Elle a dû le sentir car elle a tiré sur sa jupe. « Je ne suis jamais tombé amoureux », lui ai-je dit. Elle a répondu du tac au tac : « Moi, si ! » Et elle a ajouté, sans interrompre son travail : « A cause de vous, j’ai pleuré pendant 22 ans. »
La force invisible qui mène le monde, ce ne sont pas les amours heureuses, mais les amours contrariées.
Des chiens enragés avaient été pendus à un amandier.
Il ressemblait à un mort à son troisième jour.
Maria Servia chassait les esclaves à coup de balai quand elle les trouvait vautrés dans la sodomie ou en train de forniquer avec plusieurs femmes à la fois dans les pièces vides.
Il fallut lui enseigner à ne pas manger ses propres immondices. Ce défaut mis à part, elle eût fait un parti plus qu’honorable pour un marquis créole si peu éclairé.
Pour déjeuner, elle mangea des testicules et des yeux de bouc dans de la graisse de porc et assaisonnés d’épices brûlantes.
Dans la cellule, on lui administra un lavement d’eau bénite, une méthode française, pour expulser les démons qui demeuraient encore dans ses entrailles.
Chaque millimètre de sa peau me répondait par de nouvelles vibrations tandis que de tout son être montait un arpège et que ses tétons s’ouvraient comme des fleurs sans même que je les touche. Au petit matin, comme je sombrais dans le sommeil, j’ai entendu comme une rumeur de foule venant de la mer et un affolement dans les arbres qui m'ont transpercé le cœur. Delgadina, ma bien aimée, les brises de Noël, les brises de noël sont arrivées.
L’émoi que j’avais ressenti un matin comme celui-là en sortant de l’école fait partie de mes plus beaux souvenirs. Qu’est-ce qui m’arrive ? Étonnée, ma maîtresse m’a dit : « Ah, mon garçon, tu ne vois pas que ce sont les brises ? »
Quatre vingts ans ans plus tard, cet émoi s’est de nouveau emparé de moi alors que je m’éveillais dans le lit de Delgadina, car c’était le même mois de décembre qui revenait, ponctuel, avec son ciel diaphane, ses tempêtes de sable, ses tourbillons qui arrachaient le toit des maisons et soulevaient les jupes des écolières. Le soir, quand les brises se mettaient à souffler, des quartiers les plus hauts, on pouvait entendre les cris du marché comme s’ils venaient de la rue d’à côté. Et il n’était pas rare que les rafales de décembre permettent de retrouver au son de leur voix les amis éparpillés dans des bordels voisins.