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Charles deux fois


La France a eu Charles deux fois, le 18 juin 1940 et le 13 mai 1958. À chaque fois, il a sauvé la France d'une crise épouvantable, la défaite devant l'Allemagne, la décomposition de la Quatrième République dans une guerre d'Algérie qui n'en finissait plus. Vous êtes d'accord, mon lecteur ?

Vieux camarade de Pétain depuis 14, de Gaulle a combattu le Maréchal jusqu'à sa défaite. Pareil en 58. Vieux camarade du général Massu, qui l'avait rejoint en juin 40, il lui doit sa venue au pouvoir quand celui-ci a fait son coup de force à Alger en mai 58 en criant Vive de Gaulle ! Et le Président Coty a en effet remis le pouvoir à de Gaulle. La gauche a crié au bonapartisme et même au fascisme avec quelque apparence. Le fossé n'a pourtant cessé de s'élargir entre de Gaulle et les partisans de l'Algérie française. Les généraux firent le putsch du 21 avril 61 à Alger, et l'OAS voulut assassiner de Gaulle. Résultat : les généraux prirent 15 ans de prison, Bastien Thierry fut guillotiné, l'Algérie fut indépendante et la République fut sauve.

La majorité des intellectuels français fut très hostile à de Gaulle en 58 et l'est généralement restée. C'est pourtant Hubert Beuve-Méry, directeur du Monde qui avait raison quand il écrivait dès mai 58 : "Lui seul peut régler la crise algérienne et éviter la dictature, c'est-à-dire résoudre la quadrature du cercle." C'est Raymond Aron aussi, partisan de l'indépendance de l'Algérie, qui avait raison quand il écrivait : "Plus qu'aucun autre, le général de Gaulle a les moyens de rétablir la paix parce qu'il est capable de faire la guerre et qu'il a une réputation de générosité."

Voyez le paradoxe qui se répète, mon lecteur. En juin 40, les communistes collaboraient avec l'Allemagne et en mai 58, les socialistes s'enlisaient dans la guerre d'Algérie et c'est un militaire issu de la vieille droite catholique qui a par deux fois sorti la France de l'ornière et sauvé l'honneur de la République.

La gauche ne lui a toujours pas pardonné d'avoir eu raison avant elle et d'avoir eu le courage d'agir. La vieille droite pétainiste prolongée dans l'OAS et l'Algérie française continue à le haïr.

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