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La littérature ou la pub, il faut choisir



Vous savez que je suis horriblement publiphobe, mon cher lecteur. Je pense que vous ne me liriez pas si vous n'étiez dans le même sentiment. La pub nous pousse à consommer toujours plus sans discrimination, sans souci du bien commun, sans souci de la nature. La concurrence des consommateurs marche de paire avec la concurrence des producteurs. Moi ! Moi ! Moi ! C'est l'absurdité totale, l'unanimité dans la guerre de tous contre tous. La pub ment, la pub est laide, éthiquement laide, la pub est le contraire de la rationalisation de la croissance.

La pub donne envie, au pire sens du mot. L'envie comme passion triste engendrée par l'individualisme : chacun dans le monde moderne, privé des garde-fous de la religion et de la tradition, est à la recherche du plus court chemin qui le conduira au bonheur et tourne sans cesse la tête vers ceux qui lui semblent avoir choisi la meilleure file

Tocqueville en son temps avait déjà remarqué que le comble de l'individualisme, c'est aussi le comble du grégarisme. On veut changer de file, mais on est bien sur la même autoroute. Bordée de panneaux publicitaires justement. La pub nous transforme en veaux !

Et la littérature ? Je remarque que jusqu'à la Révolution, la littérature a surtout défendu la liberté : voyez Rabelais et Montaigne, voyez Molière et La Fontaine, voyez Voltaire. Mais à partir de 1830 où c'est l'individualisme qui triomphe partout, les auteurs changent de langage. Le romantisme a un seul ennemi, le Bourgeois, cet être hideux et stupide. Les Poètes ne rêvent que de grand amour, de retour à la nature, d'une nouvelle religion, de barricades. C'est pareil avec les romanciers : Stendhal, Balzac, haïssent la modernité bourgeoise. Flaubert et Proust couronnent le tout en proclamant que le monde est le royaume du néant et qu'il n'y a de salut que dans l'art.

Et aujourd'hui ? J'y reviendrai mais je suggère que la raison d'être de la littérature c'est de faire un pas de côté à la recherche d'autres valeurs que celles de la consommation et de la criaillerie publicitaire.


Photo : avez-vous reconnu l'arrière de mon tracteur, mon lecteur ? C'est un peu grossier, je sais, c'est à la pub que ça s'adresse !

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