Les seins d'Agathe
Je vous écris de Catane, mon cher lecteur, histoire de prendre un peu de vacances. Que de bonnes surprises dans cette vieille Sicile, à commencer par les seins d'Agathe, patronne de la ville, comme vous savez, qui fut martyrisée en 251 par le proconsul Quintien dont elle repoussa les avances car elle voulait rester vierge. Je crois que je vous ai déjà raconté son histoire. Quintien l'enferma dans un lupanar pour lui changer les idées. En vain : il lui fit arracher les seins. Grande procession à sa mémoire chaque 5 février et troublantes pâtisseries aux devantures, à consommer toujours par paires. Son supplice fut suivie d'une catastrophe double, elle aussi, une éruption de l'Etna et un tremblement de terre.
Du coup, il m'a paru un peu moins incongru d'avoir à la hâte mis dans mon sac Surveiller et Punir de Foucault sur lequel j'ai quelques révisions à faire. On a beau dire que Foucault est le Victor Hugo du XX° siècle, ce livre m'a toujours été antipathique. Je ne prétends pas être tout à fait net moi-même, mais enfin, ces descriptions de supplices étalées avec une complaisance scientifique me semblent trahir trop de fantasmes personnels.
Pour en revenir à Catane, Ruggero, le dernier descendant de la famille Biscari nous fit visiter son palais, construit juste après l'explosion de l'Etna et le tremblement de terre de 1693 qui ravagea la région malgré la protection de Sainte Agathe. C'est ce qui explique la largeur des rues orthogonales de la ville et l'importance des places. Michèle a trouvé bien lourd d'avoir à porter sur ses épaules la mémoire de tant de princes et l'entretien de tant de merveilles. Maintenant, on lui a mis la ligne de chemin de fer entre la terrasse du palais et le port...
Je vous souhaite une très bonne reprise à tous et à toutes.