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Mettez-vous à genoux et priez...


Mettez-vous à genoux et priez, et bientôt, vous croirez. Cette phrase de Pascal m’a toujours paru futile. Peut-on cependant en faire quelque usage ? Je repense à l’idée qui résume peut-être toute l’œuvre de Dostoïsevski : l’enfer et le paradis, c’est ici et maintenant. Ce monde-ci deviendrait à l’instant un paradis si les hommes s’aimaient au lieu de se faire la guerre. Cette idée est encore plus vraie qu’à l’époque où écrivit Dostoïevski puisque les rivalités humaines menacent de faire monter la température de notre planète au sens propre.

Toujours en relisant mes vieux papiers, je tombe sur cette phrase de Marivaux :


Ceux qui connaissent Dieu parce qu’ils l’aiment, qui sont pénétrés de ce qu’ils voient ne peuvent, dit-on, nous rapporter ces connaissances-là : elles sont la récompense de l’amour et n’éclairent que celui qui aime. Elles sont à une hauteur à laquelle l’esprit humain ne saurait atteindre que sur les ailes de l’amour. Cet esprit humain va terre à terre et il faut voler pour aller jusque-là. Ceux qui aiment Dieu communiquent partout ce qu’ils savent à ceux qui leur ressemblent. Ce sont des oiseaux qui se rencontrent dans les airs.


Marivaux semble dire qu’il y a des êtres plus doués que d’autres pour l’amour. Mais comment accéder à ces altitudes réservées aux oiseaux avant l’invention de l’aviation ? Si haut que la culture et la science élèvent l’homme dans leur ordre, elles n’aident en rien dans le domaine de l’amour. Comme disait Pascal, l’ordre de l’intelligence et l’ordre du cœur sont hermétiquement cloisonnés et les progrès accomplis dans l’un ne servent à rien dans l’autre.

J’ai pourtant compris, en lisant Mauss et Diel, qu’il existe des engrenages et que les messages d’empathie envoyés à autrui sont le plus souvent payés de retour. Alors, si nous ne sommes pas assez généreux spontanément, soyons-le par intelligence : comprenons qu’en amour, rien ne se perd et que chaque geste généreux nous sera rendu. C’est dans le fond la grande bifurcation de la vie à laquelle chacun est soumis chaque jour, l’alternative de la générosité / de l’égoïsme. À chacun de faire ses comptes : préférons-nous provoquer la spirale ascendante des bons procédés et de la cordialité ou la spirale descendante de l’égoïsme et de l’isolement ? Bien sûr, ça ne marche pas à tous les coups, mais il est indéniable qu'au final, je veux dire selon la statistique, ceux qui donnent le plus sont ceux qui ont le plus d’amis et qui sont les plus heureux.

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