Souvenir du bagne de Toulon
J'ai longtemps été injuste avec Toulon à cause de son port vite rebâti après la guerre qui ne souffre pas la comparaison avec le Vieux-Port de Marseille et à cause des rocades sans âme qu'on parcourt pour traverser la ville. 48 heures m'ont suffi pour m'apercevoir que ce port de guerre n'avait pas moins d'intérêt que notre port de commerce. Je compte bien y retourner, flâner dans les vieux quartiers bien restaurés et visiter les installations militaires dans la rade.
Rassurez-vous, mon lecteur, je ne vais pas rivaliser avec l'Office du Tourisme, mais juste prélever un sujet historique qui m'a frappé. Je vous mets d'abord une vue du port en 1756 par Joseph Vernet. Vous pourrez discerner en bas à droite quatre forçats enchaînés.
À Marseille, nous avons eu les galères. À Toulon, ils ont eu le bagne, d'où s'est échappé Jean Valjean à trois reprises. L'Arsenal de Toulon transformé en musée expose un Registre des forçats de 1749. On découvre au hasard de ce registre que Jean Sauradet, 21 ans, bonne taille, cheveux châtains, visage ovale, et François Descamps, taille haute, cheveux châtains, visage rond, garçon cardeur, furent condamnés à vie pour désertion. François Deslauriers, 16 ans, taille moyenne, cheveux châtains, visage ovale, garçon tisserand, fut, lui aussi, condamné à vie pour vol dans les Infirmeries de Marseille. Tous trois furent marqués au fer rouge sur l'épaule : T P comme Travaux à Perpétuité.
À quand un monument à Marseille pour ses dizaines de milliers de galériens et à Toulon pour tous ses forçats ?
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