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La vie serait un paradis si...


Dans Les Frères Karamazov, il y a les débauchés et les purs comme Aliocha et son maître, le staretz Zossima, mais, à plusieurs reprises, Dostoïevski laisse entendre que tous partagent la même condition :

- Le moine est aussi coupable que les laïcs, dit le staretz, il a simplement compris qu’il portait la faute de tous. (162)

- Le juge est aussi coupable que celui qui comparaît. (416)

- Chacun est coupable envers tous et pour tous. Si les hommes l’apprenaient, ce serait le paradis. La vie est un paradis. Il suffirait de le comprendre pour qu’il advienne. (387)

Mais les hommes sont pleins de bassesses et ils ont honte de leur bassesse.

- N’ayez pas honte de vous-même car tout vient de là. (59)

- Celui qui se ment à soi-même en arrive à ne plus distinguer aucune vérité ni en lui-même ni autour de lui. Il perd le respect, et en ne respectant personne, il cesse d’aimer. (60)


Évidemment, en plaçant le paradis sur terre, FD se mettait à dos toutes les grenouilles de bénitier. Il faisait plutôt œuvre de psychologue-moraliste. Mais FD est aussi un sociologue-moraliste qui analyse la modernité, toujours par la voix du staretz :

- Chacun, de nos jours, veut éprouver en lui-même la plénitude de la vie, ce qui le conduit à une solitude complète. On amasse solitairement des biens, mais plus on amasse, plus on s’enfonce vers le suicide car la véritable garantie de la personne réside dans la solidarité des hommes. (394)

- Le monde a proclamé la liberté et dit à chacun : Tu as des besoins, satisfais-les donc car tes droits sont les mêmes que ceux des plus grands et des plus riches. Ne crains pas de les satisfaire et multiplie-les même. Concevant ainsi la liberté, les hommes faussent leur nature et ne vivent que pour s’envier les uns les autres, pour la sensualité et l’ostentation. On est arrivé à accroître les biens matériels alors que la joie a diminué. Mais bientôt, au lieu de vin, ils s’enivreront de sang. (406-407)

Dostoïevski fait partie, comme Balzac, des grands penseurs réactionnaires qui montrent que la liberté et l'égalité ont un revers, c'est de déchaîner les rivalités. Tocqueville et René Girard font, eux aussi, de l'envie le sentiment démocratique par excellence, celui-là même qui constitue le nerf de la mondialisation.

Il nous faut donc absolument une religion pour brider les rivalités effrénées qui conduisent le monde à sa perte, vous êtes bien d'accord, mon cher lecteur ! Mais quelle religion : chrétienne ? républicaine ? bouddhiste ? Peut-être piocher dans les trois. Mais avec quel rite ?


 
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