Entendez-vous les bottes ?
Trois pages du Monde de dimanche-lundi m'ont particulièrement passionné, surtout mises bout à bout comme les perles d'un collier.
La page 10 présente une carte des votes aux européennes : à LRM le vote des pôles urbains, au RN le vote périphérique. L'effet est saisissant : la France entière est constellée de cercles concentriques lepénistes qui entourent un noyau macronien.
La page 27 décrit l'orbanisation de l'Europe. Partout, c'est le fiasco de la droite classique au profit de la droite nationaliste, xénophobe, anti-élites, insoucieuse de l'État de droit, admiratrice de la Chine et de la Russie. Du coup, les partis europhobes ont retiré de leur programme la sortie de l'U-E. Ils cherchent plutôt à en sucer la moelle au profit d'intérêts nationaux communautaristes, ce qui consiste exactement à en retourner la vocation universaliste. Ils crachent dans la soupe mais la mangent de bon appétit.
Les pages 18, 19 et 20 décrivent le noyautage de l'ONU par la Chine par le double moyen du yen et du lobbying. Ce processus est favorisé par le retrait des États-Unis et par le ressentiment anti-européen de nations jadis colonisées qui ne sont pas au net sur les Droits de l'homme : ainsi, dans les votes, l'Afrique fait bloc avec la Chine révisionniste. La diplomatie du portefeuille double les Routes de la soie. La Chine vise la direction de la FAO qui lui permettrait de mieux exploiter les terres de l'Afrique après en avoir pillé les forêts. La Chine est devenue le deuxième contributeur au budget onusien et cumule les postes à responsabilité, quitte à former des ONG bidon qui enfument les alertes lancées par les vraies ONG, par exemple sur le sort du million d'Oïgours enfermés dans un nouveau Goulag.
Le but est d'imposer la non-ingérence : charbonnier maître chez soi ! Le massacre de Tiananmen n'a pas existé. La protection des peuples en danger n'est plus à l'ordre du jour, ce qui consiste à renverser les valeurs fondatrices de l'ONU après la défaite du nazisme et de l'empire nippon en 1945
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