Vive la lutte des Indiens quechuas !
Pendant un mois, 15 000 indiens de Colombie ont bloqué la panaméricaine entre Cali et Popayan, cette route qui traverse les 2 Amériques de haut en bas. Objectif : la lutte pour la terre qui dure depuis 5 siècles, c'est-à-dire depuis la colonisation, contre les gros agrariens, les entreprises minières et les trafiquants de drogue.
La réforme agraire est la forme la plus ancienne et la plus universelle de lutte des classes, comme disaient les saint-simoniens en 1825. Au second siècle avant J-C, les tribuns de la plèbe Tibérius et Caius Gracchus furent assassinés par le Sénat pour avoir fomenté un vaste soulèvement en faveur de la réforme agraire. En Amérique du Sud comme dans la Rome antique, ce sont toujours les gros latifundiaires qui gagnent. Il s'est passé le contraire en France quand la révolution a distribué les biens nationaux, ce qui faisait tant gémir Balzac dans Les Paysans.
Les Indiens colombiens viennent de remporter une certaine victoire grâce à leur minga, comme on dit en quichua. J'ai appris qu'il existe 103 ethnies indiennes en Colombie qui parlent 60 dialectes différents et il y en a beaucoup plus encore en Bolivie, en Équateur et au Pérou. Les mingas sont des structures communautaires qui entretiennent le culte des ancêtres, qui se rassemblent pour récolter le maïs, réparer l'école ou... barrer la transaméricaine. 15 000 hommes sont armés de bâtons, à ne pas confondre avec les FARC qui ont bien d'autres armes.
Aujourd'hui, la lutte des Indiens rejoint celle des écologistes et leurs mingas pourraient nous intéresser.