De la chiennerie

Saint-Canat, nous, on n'y va pas. C'est pourtant pas loin et c'est un beau village mais il a fallu que Mireille nous invite à voir deux bancs de pierre qui pourraient servir à faire des linteaux pour qu'on découvre un peu avant l'entrée de l'agglomération une bâtisse ancienne attirante comme un beau visage. Au retour, j'ai dit On s'arrête.
La visite des fermes abandonnées est, depuis mon enfance, une activité qui me captive. Combien de fois ai-je détortillé un fil de fer rouillé qui maintient fermée une porte affaissée qu'il faut un peu soulever pour la faire tourner et entrer précautionneusement dans un espace obscur où on peut trébucher à chaque pas et s'empaler sur des ferrailles.
Cette fois, c'était habité, visiblement loué à la découpe à des hôtes indifférents au charme du lieu. Mais pas un chat. On a découvert plusieurs corps de bâtiments jadis consacrés à l'habitation ou aux travaux agricoles, un portail, une fontaine, un immense bassin envahi par les ronces, du matériel agricole abandonné, des buis de quatre mètres surmontés de platanes centenaires.
Un peu partout des tas de gravas, des empreintes d'engins remplies d'eau de pluie, du mobilier en plastique les pattes en l'air, une cabane d'enfant, en plastique encore, orange et verte. Devant la rumeur de la route nationale. En face, Royal Canin avertissait les passants de sa présence et Génération piscine n'avait pas craint l'élever sa coque en forme de haricot devant le ciel qui n'appartient qu'à Dieu.




