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Quoi, derrière les volets clos ?


Souvent, quand je parcours les rues désertes de nos bourgs et faubourgs, je me demande combien d'âmes vivent là, retirées derrière la paupière des volets clos et des rideaux tirés et je me demande à quelles activités peuvent bien s'adonner ces âmes perdues et les corps, ça va de soi, où elles s'incarnent. À part la métaphysique et la masturbation, je ne vois vraiment pas, risquai-je dans un ancien billet, assez content de ma formule, l'avez-vous au moins notée, mon diligent lecteur ? Eh bien, je crois que je me suis trompé.

J'ai passé plus d'une heure hier à bagarrer avec mon opérateur téléphonique qui ne veut pas me rembourser un abonnement qu'il m'a imputé à tort. Et en plus, il veut me faire payer des frais de résiliation ! Il ne m'a pas envoyé moins de 5 mails ce matin et l'affaire est loin d'être débrouillée. Ah, l'heureux temps du monopole des PTT ! Pareil pour la radio et la télé. Quand il y avait trois chaînes, tout le monde savait de quoi parler le matin au bureau.

Vous avez compris où je veux en venir... Non seulement bien des bonnes gens sont beaucoup plus agiles que moi pour gérer leurs contrats téléphoniques mais le soin et le temps qu'ils y mettent leur épargnent bien des angoisses existentielles, ce qui est aussi une façon de faire de la métaphysique, me direz-vous. Un divertissement qui évite aussi de s'embêter avec La Recherche du temps perdu ou La Montagne magique. Il y a des fois où j'ai envie d'avouer que je suis de tempérament aristocratique sous une apparence démocratique. Et vous, dans quelle catégorie vous rangeriez-vous, mon lecteur, à dire la vérité vraie ?

J'ai pris l'exemple du téléphone, mais le maquis proliférant des formalités disponibles est si immense, impôts, internet, électricité, achats en ligne, etc. qu'en se perdant dans ces labyrinthes, on trouve des raisons de vivre sans même s'adonner à la philatélie ou à la numismatique.

Je pense beaucoup aussi aux liasses de catalogues publicitaires qui garnissent les boîtes aux lettres avant d'orner la table des salons français avec leurs couleurs criardes afin d'être épluchés page à page. Je me suis fait une spécialité dans mon immeuble d'en ramasser chaque semaine le paquet et de le conduire directo dans le container papier disposé, 100 mètres plus haut sur le même trottoir, cette chance.

Avant la masturbation et la métaphysique, il y a la comptabilité ! Si un jour, je pense comme Mallarmé : "La chair est triste et j'ai lu tous les livres", il me restera à essayer de déchiffrer ma facture téléphonique.


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