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Petite érotologie de Houellebecq


Dans Le Monde du 29 décembre dernier, Jean Birnbaum écrivait qu'il y avait lieu chez MH à "une phénoménologie de la fellation". Je pensais m'y essayer mais Michèle a arrêté ma plume, disait que c'était aller trop loin. Vous ne l'aurez donc pas, mon cher lecteur, mais j'espère qu'elle me passera cette petite érotologie.

Il faut bien sûr commencer par la masturbation dont abuse terriblement le héros des Particules et qui est, bien sûr, la figure du sexe triste. Dans Sérotonine, allumé par deux bimbos rencontrées dans une station service, mais bredouille, le héros (!), traite son érection "par les moyens habituels".

Non, la figure sexuelle emblématique de MH, c'est bien la f... Dans Soumission, on apprend que Myriam « abordait chaque fellation comme la première et la dernière de sa vie ». « Chacune de ses fellations, apprend-on encore, aurait suffi à justifier la vie d’un homme. » (p. 39) Ne vous inquiétez, mon lecteur, maman, elle dira rien, c'est juste une citation. Pareil dans Sérotonine quand il observe Camille agenouillée : "Ses traits sont parfaitement purs, je n'ai jamais plus eu l'occasion de voir une telle représentation du don." (p. 174) Comme le montre cette citation, cela ne fait pas partie de la sexualité sans âme que MH dénonce sans arrêt, par exemple dans le personnage de Yuzu.

Si je donnais d'autres exemples, il apparaîtrait bien que cette figure est la favorite de MH mais cela laisse en suspens la question de savoir ce qu'il leur fait lui, le héros (re !), à elles, Myriam et Camille. Peut-être pas grand chose... J'ai bien l'impression que MH conçoit avant tout les femmes en position d'infirmières ou de consolatrices, ce qui est cohérent avec la dissymétrie qu'il défend entre les sexes. Les femmes sont culturellement plus généreuses que les hommes : il serait dommage qu'elles se mettent à leur ressembler !

Je ne dirai rien du thème de l'anal pourtant bien renseigné chez notre auteur, j'ai ma pudeur, moi aussi, et je conclurai sur le sadisme. Là, c'est non et non. Sans aller chercher dans ses autres romans qui marquent la même limite, le héros de Sérotonine, découvre dans le bungalow des bois où il s'est réfugié, une édition complète de Sade, "cette merde" (p. 281), avis confirmé p. 158 quand, ayant perdu la femme de sa vie, il pense au vers de Lamartine : Un seul être vous manque..., trouve l'adjectif dépeuplé "bien faible" et ajoute : "Ça sonne encore un peu son XVIII° siècle à la con."

Je me suis d'abord indigné d'une erreur aussi grossière. C'est MH ou son héros qui place Lamartine au XVIII° siècle ? C'est Michèle qui m'a remis sur la voie en me faisant lire la phrase suivante : "On ne trouve pas dans dépeuplé la saine violence du romantisme. La vérité est que quand un seul être vous manque, tout est mort, le monde est mort et l'on est soi-même mort." Ma conclusion est donc que MH est un grand romantique XIX°iste qui a le libertinage XVIII°iste en horreur.


Photo : Je ne sais quel est cet animal surpris à L'Isle-sur-Sorgue lundi. Un kangourou ?

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