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Relire Marc Aurèle


Ce n'est pas parce que l'actualité politique nous obsède qu'il faut oublier de prendre soin de notre vie intérieure, n'est-ce pas, mon cher lecteur ? Je suis donc tombé sur de vieilles notes de lecture et j'ai été époustouflé qu'on ne fasse pas plus de cas de Marc Aurèle qui en dit autant à lui tout seul que Jésus et Bouddha réunis ! Vous me direz que cet empereur, époux de Faustine, vécut après eux, au milieu du II° siècle. Possible, mais il n'existe à ma connaissance aucune influence chrétienne sur sa pensée. Il se peut par contre que le bouddhisme ait influencé le stoïcisme après la conquête d'Alexandre. Il me semble aussi que Paul Diel retrouve beaucoup les chemins de Marc Aurèle. Il me plaît surtout que les grands hommes arrivent aux mêmes conclusions par leur cheminement personnel. Je vous en laisse juge, mon lecteur, à travers un petit florilège de citations.


Accomplis chaque action comme si elle devait être la dernière.

Sois indifférent à ce qu'a pensé, dit ou fait le voisin et cours droit au but.


Finis avec sérénité comme une olive qui, parvenue à maturité, tomberait en bénissant la terre qui l'a portée et en rendant grâce à l'arbre qui l'a produite.


Bientôt, tu ne seras plus que cendre ou squelette, un nom et même pas un nom, et le nom n'est qu'un bruit, un écho. Les choses qui, dans la vie, sont les plus estimées ne sont que vide, pourriture, insignifiance, roquets qui se mordent, enfants qui se chamaillent et qui rient aussitôt après.


La vie est courte. L'unique fruit de l'existence sur terre est une saine disposition et des actions utiles à la communauté.


Ni insolence ni timidité, ni défiance, ni pose.


Accommode-toi aux choses que t'assigne le sort. Les hommes que le destin te donnera comme compagnons, aime-les du fond du cœur.


Ma cité et ma patrie, en tant qu'Antonin, c'est Rome, en tant qu'homme, c'est l'univers. Les choses utiles à ces deux cités sont mes seuls biens.


Habitue-toi à être attentif à ce qu'un autre dit et, autant que possible, entre dans l'âme de celui qui parle.


Le propre de l'homme est d'aimer même ceux qui l'offensent. Le moyen d'y parvenir est de te représenter qu'ils sont tes parents, qu'ils pèchent par ignorance et involontairement ; que sous peu, les uns et les autres, vous serez morts ; et avant tout, qu'on ne t'a causé aucun dommage car on n'a pas rendu ton principe directeur pire qu'il n'était avant.


Efface l'imagination. Arrête cette imagination, ce pantin. Circonscrit le moment actuel.


Celui qui pèche pèche contre lui-même. Celui qui est injuste se fait tort à lui même en se rendant méchant.


Lorsque tu es offensé par une faute d'autrui, fais retour aussitôt sur toi-même et vois si tu n'as pas à ton actif quelque fait semblable.


Un tel me méprisera ? Ce sera son affaire. La mienne, c'est que je ne sois jamais prêt à faire ou à dire quelque chose qui soit digne de mépris. Un tel va me haïr ? Ce sera son affaire. Mais la mienne sera de me montrer bienveillant et doux à l'égard de tous et disposé à le détromper sans insolence, sans insister sur ma modération, mais sans déguisement.

Photos : Marc Aurèle adolescent au Louvre et Faustine au musée du Capitole.

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