Les Gilets jaunes, rafraîchissement ou mort de la démocratie ?
La République en marche d'Emmanuel Macron avait, il y a peu, bousculé les vieux partis politiques. Voici qu'elle est elle-même bousculée par une lame plus profonde encore, qui menace de renverser les fondements mêmes de la république. Alors, rafraîchissement ou mort de la république ? L'avenir le dira.
En positif, le peuple s'exprime, tout le monde discute, même ceux qui sont contre, ce qui est un événement, au moment où près de la moitié des Français ne votent plus. Victime apparente des GJ, la transition écologique fait désormais partie du débat. Après tout, c'est le carbone qui a mis le feu aux poudres. Le désarroi exprimé des gens qui vivent avec de maigres revenus, sans vacances ni loisirs, rend obscène l'évasion et l'optimisation fiscales. Les immenses écarts de revenus sont délégitimés, sans parler des salaires exorbitants de certains PDG comme celui qui vient d'être serré au Japon. Un formidable coup de poing sur la table peut-il faire bouger les lignes et rendre possible ce qui semblait impossible ? Le dèmos aurait en ce cas donné un sérieux coup de rafraîchissement à notre vieille "démocratie".
En négatif, les GJ bousculent les piliers du temple au risque de le faire tomber sur la tête de tout le monde. Quel contraste entre l'ambiance du 11 novembre et celle du 2 décembre (de funeste mémoire...) sous l'arc de triomphe ! Ce mouvement gazeux, dépourvu de centre et de circonférence, ne se reconnaît aucun représentant tout en contestant ceux qui existent. C'est dans ce fossé que peuvent s'engouffrer toutes les rumeurs, aberrations, amalgames, contagions, et que peut mourir la démocratie représentative, la seule possible dans un État de 60 millions d'habitants. La suite est malheureusement bien connue, il y aurait la chienlit, c'est-à-dire le chaos, jusqu'à ce qu'un leader charismatique réussisse à diriger la meute vers des boucs émissaires désignés, ce qui évidemment ne règlera rien.
Je vote pour la première solution.