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Des maisons qui s'écroulent aux routes bloquées : quel rapport ?


C'est largement le même problème : le centre de beaucoup de villes et villages français est déserté au profit d'une périphérie sans âme où se multiplient des logements médiocres avec grandes fenêtres et jardinet. Leurs habitants sont sur leur voiture pour acheter la moindre baguette et passent une ou deux heures chaque jour pare-choc contre pare-choc pour aller travailler. Alors ils s'épuisent, se ruinent et polluent... !

On voit que tout se tient : les centres-ville mourants, les périphéries laidement artificialisées, les épouvantables bouchons matin et soir.

Je suggère à notre président un appel du 18 juin qui en appelle à notre patriotisme sur ce sujet. Ah ! bien sûr, quand il a fallu quitter ses foyers pour gagner Londres et de là aller faire les 400 coups d'un coin à l'autre de l'Europe, de l'Afrique du nord et du Moyen Orient avec ou même sans parachute quand on risquait de tomber entre les mains de la Gestapo, il n'y a eu qu'un Français sur mille pour faire preuve de cet héroïsme. Mais en 14, toute une classe d'âge presque sans exception a fait preuve d'un héroïsme tout aussi grand : c'est qu'elle avait été préparée par l'école de Jules Ferry.

Je ne remonterai pas jusqu'en 1792, quand, à 100 mètres des deux maisons qui viennent de s'écrouler, au moment d'aller combattre sur le Rhin les ennemis de la République, dans une salle de jeu de paume de la rue Thubaneau, ex-rue de la Fraternité, 500 volontaires, donnèrent leur nom, avec leurs poumons, à la Marseillaise.

Vous aller penser, cher lecteur du lundi matin, que le ton quelque peu épique de ce billet vise bien haut dans les temps prosaïques que nous vivons. C'est justement le problème ! Aujourd'hui aussi, la patrie est en danger, 1) la terre-patrie étouffe, 2) l'Europe menace de se disloquer sous la poussée des populismes, 3) l'hexagone est exposé à la guerre de tous contre tous.

Il est impossible de dépasser la simple raison comptable sans un souffle commun qu'il appartient à M. Macron d'initier. Augmenter le prix du diesel, c'est bien, mais sans pédagogie appropriée, sans vue d'ensemble, sans mobilisation pour une cause assumée, ça ne fait qu'exaspérer les rivalités individuelles. Et les camionneurs ne se sont pas encore mis en travers des routes !

Il existe cependant un muscle complètement sous-employé et même atrophié, spécialement en France depuis un siècle, c'est la convivialité qui permet de faire ensemble ce qu'on aura difficilement l'énergie de faire tout seul. Un mode de vie plus frugal sera supporté allègrement quand on mutualise les efforts.

Pour en rester à l'actualité immédiate. Des politiques municipales hardies arrêteront de multiplier les zones commerciales absurdes comme à Marseille et feront sauter beaucoup de vieux pâtés insalubres et étriqués des centres-ville, inhabités, squattés ou exploités par les marchands de sommeil. On rebâtit en espaçant, aérant, plantant des potagers, après avoir mis au concours les architectes pour des projets 1) conformes à l'esprit des lieux 2) écologique et autonomes 3) inclusifs, c'est-à-dire favorisant une mutualisation des services. Une politique fiscale et sociale rendra attractif ce nouvel habitat sans voiture au détriment des périphéries dont la vocation est d'être rendues à la grande nature.

Ce n'est pas un ministère de l'embellissement de la France, c'est un gouvernement de l'embellissement de la France qu'il nous faut.

Photos : J'en demande pardon à Hans Silvester : je me suis permis de lui emprunter ces photos prises dans des villages d'Éthiopie. Merci de son témoignage.

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