La Syrie et nous
C’est complètement incohérent, mais c’est comme ça. La France est intervenue en Libye : depuis, c'est l’anarchie qui règne et la Libye est devenue un passage du Sahel vers l’Europe. La France n’est pas intervenue en Syrie et le résultat est analogue. Alors fallait-il faire le contraire, laisser les mains libres à Kadhafi et dégommer Assad ? Mais c’eût été la guerre civile de toute façon et la panique.
En attendant, des centaines de milliers de malheureux fuient vers l’Europe ou en rêvent. Des choix opposés aboutissent donc au même résultat, l’émigration, et à sa conséquence mécanique, la montée des populismes et des nationalismes en Europe. La peur de l’émigration pourrait même être la cause de la fracture de l’Europe. Cela nous rappelle de détestables souvenirs.
Mais si des causes opposées produisent des effets identiques, c’est qu’il y a une grande cause en amont, une cause des causes. Bien sûr, il y a le sous-développement, bien sûr, il y a le réchauffement climatique, mais la cause des causes, maintenant que tout est lié, ce sont les conditions chaotiques de la mondialisation.
La mondialisation me paraît être un phénomène naturel, la diastole après la systole. Regardez plutôt, mon cher lecteur. Parti d’un point unique, le Sahel, justement, l’homo sapiens ne s'est-il pas s’est répandu sur la terre entière il y a quelques 100 000 ans en se disséminant à l’infini en tribus et villages minuscules qui se connaissaient à peine et qui parlaient chacun leur dialecte ? Nous devons à ce phénomène la diversité des cultures malgré l'unité de l'espèce humaine.
Après ce temps d’extension et de dissémination est venu, tout aussi naturellement, grâce aux techniques, le temps de la fusion et de l’assimilation. Depuis quatre siècles et à l’initiative de l’Europe, le monde s’unifie. Les cultures traditionnelles sont bousculées non sans se rebiffer, l’islam en tête. Malgré un enrichissement général certain, la rivalité pour la possession des biens matériels, s'aiguise, épuise la nature et laisse face à face les gagnants et les perdants. Voilà bien de quoi alimenter les flux migratoires, dès qu’une allumette met le feu aux poudres.
Ce qu’il nous faudrait, c’est un bon James Bond ! La Chine sera peut-être ce James Bond, elle qui s’implante massivement en Afrique grâce à ses nouvelles routes de la soie. J’attends avec curiosité la rencontre inédite du Jaune et du Noir et j'irai mettre un cierge à la Bonne Mère…