top of page

Un petit déjeuner en 1968


Cette fois, c'est bien de 1968 qu'il s'agit. D'ailleurs, Vincent me dit que j'en parle tout le temps. Il faut dire que 1968 état juste à équidistance de l'armistice et d'aujourd'hui : 1918/1968/2018.

Le point de départ des réflexions qui vont suivre est donc une nouvelle discussion sur le café du matin, avec Armand, prêtre à Liverpool. Comme en France, disait Armand, la pratique catholique est en baisse tandis que l'islam monte. Armand a lu Soumission de Houellebecq qui lui paraît bien refléter la situation : le vide laissé par le christianisme sera rempli par l'islam. Je lui confirme que pour Houellebecq, "une société ne peut vivre sans une religion quelconque." Je ne crois pas que l'adjectif quelconque lui ait trop plu. Invisible à la majorité des lecteurs, le logiciel caché de l'écrivain athée qu'est Houellebecq, c'est la description de la société moderne après l'estompement de la religion catholique, ce ciment social, dont la nostalgie est saupoudrée dans les romans.

Le thème religieux fut absent de Mai 68, mais je soutiens que c’était lui qui était le premier visé. La grande césure opérée par Mai 68, c'est d'avoir mis fin à 1656 ans de civilisation chrétienne, c’est d’avoir mené à son terme l’entreprise de sécularisation entamée par la Renaissance et par les Lumières.

Eh bien, on s'aperçoit que l'islamisme est en somme une contestation de Mai 68 : il rétablit la pudeur féminine, l'autorité du père et la soumission à Dieu. J'aimerais bien connaître la fin de l'histoire... La pudeur et le respect vont-ils revenir ? Quelle aventure ! Il est quand même curieux de remarquer que le tournant imposé par l’affaire Weinstein va dans ce sens, en tout cas côté garçons.

Qui va l'emporter ? C’est une grand question de savoir si dans une génération ou deux, le port du voile islamique aura reflué comme il est venu, et, même, si un Mai 68 musulman ne va pas se produire à l’initiative des filles qui vont jeter leur voile aux orties, ou si, au contraire, les vieilles coutumes méditerranéennes ne feront pas retour chez nous : jupes jusqu’au talons, foulard sur les cheveux, honte à la femme impure, retour de la cryptogamie ? Mai 68 ne commence-t-il pas à se ringardiser ?


Photos : la grosse chatte, sans allusion, surmontée d'une souris, c'est de l'art street saisi dans une rue d'Arles.

On peut voir La Madeleine pénitente de Louis Galloche (1727) au musée Réattu. À la pensée de la mort, elle arbitre contre la volupté en faveur du ciel. Mai 68 inversa les termes du choix.

Mots-clés :

bottom of page