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Vous lisez Sade ?


Vous savez, mon cher lecteur, que Michel Onfray s'est fâché très fort contre Sade et surtout contre les grands intellectuels du XX° siècle qui l'ont célébré comme un libérateur alors qu'il n'est qu'un sadique, un délinquant sexuel multirécidiviste, un violeur de femmes, un précurseur de Hitler. Une fois de plus, les grands intellectuels ont fait fausse route : Lacan, Barthes, Foucault, Sollers, Bataille, Roudinesco et bien d'autres ont cru que toute transgression était révolutionnaire et ont manifesté une complaisance irresponsable.

Il me semble qu'il y a beaucoup de bon sens dans la mise au point d'Onfray et qu'un vent de folie et d'excitation a parcouru notre pauvre XX° siècle.

J'ai repensé à cela en écoutant parler d'Apollinaire il y a quelques jours sur France Culture : c'est lui, le poète à la voix cristalline, qui a introduit Sade au XX° siècle, en a publié des morceaux choisis et qui a lancé la mode en disant que Sade avait libéré l'imagination.

C'est vrai qu'il ne faut pas confondre la réalité et la fiction, les gestes et les mots. Le propre de la littérature et de l'art en général est de fabriquer un monde imaginaire parallèle au vrai monde, que ce soit pour l'oublier ou au contraire pour l'envisager avec recul. Les enfants aiment jouer, les adultes aiment l'art. Dans les deux cas, on fait comme si, et ça compte pour du beurre. La liberté de l'imagination est le propre de la littérature. Ou alors, il faut rétablir la censure.

La limite n'est cependant pas imperméable entre la littérature et la vie. Elle est au contraire très poreuse. Je ne vais pas entreprendre maintenant une dissertation sur l'influence des grands auteurs sur la société, mais m'en tenir à ces auteurs qu'on ne lit que d'une main, comme on dit. Car enfin, il faut parler net, alors bandez-vous en lisant Sade, mon cher lecteur, mouillez-vous, ma chère lectrice, comme d'autres auteurs nous font rire ou pleurer ?

Si oui, faut-il s'émerveiller des grands pouvoirs de la littérature ou s'affliger des faiblesses de la nature humaine ?


Photo : paysage de douce France sur la route d'Angers.

 
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