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Voir un jour s’ouvrir et se fermer le Ciel dans les yeux d’une femme


Voyage en auto avec Michèle de Marseille à Angers. Excellente étape à La Colonie, à Aubrac, c'est là qu'il faut descendre. Paysages intacts. Aucune trace de modernité. Reliefs de l’ère primaire, immenses pâturages, bois sombres, bergeries de granit, vaches rousses, excellents produits du pays. Que faire, enfermé dans une cabine avec une femme pendant 10 heures ? Parler de nos amours, évidemment. Mais ça, ça ne vous regarde pas, mes chers lecteurs bien trop curieux...

Un mot plutôt de la si belle phrase de Pierre Leroux appliquée en 1842 à Pétrarque et au héros de Rousseau. Lisez plutôt :


Si Rousseau fait de Saint‑Preux un exilé sans famille et sans patrie, qui voit un jour s’ouvrir et se fermer à la fois le Ciel dans les yeux d’une femme, il ne fait en cela que raconter, sous des noms différents, l’histoire même de Pétrarque et de Laure. C’est qu’au commencement du XIV° siècle, en 1327, un Vendredi saint :


Era ‘ giorno ch’al sol si scoloraro,

Per la pietà del suo Fattore, i rai,

Quand’fui preso, e non me ne guardai.


Le jour où le soleil, en deuil de son Créateur, décolore ses rayons, (sonnet 3), Pétrarque, exilé, sans famille, vit à Avignon, dans l’église de Sainte‑Claire, celle qu’il a immortalisée sous le nom de Laure.


Pendant son séjour à Fontaine‑de‑Vaucluse, Pétrarque mit les Confessions de Saint Augustin dans son sac et partit faire l’ascension du Mont Ventoux. Il en rapporta un dialogue imaginaire avec le grand saint, sous le titre De contemptu mundi. Il se soumit en apparence à Augustin qui prétendait lui montrer le tort qu’il avait de prétendre aimer le créateur à travers la créature, fût‑ce à travers son âme.


Mais Pétrarque se soumit, souligne Leroux avec moult « restrictions mentales », et ne se détourna point de Laure. Pétrarque est donc le grand inventeur ! Voilà pourquoi vous êtes si amoureux, ô mon lecteur plein de grands sentiments. Grâce soit rendue à Pétrarque !



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