Un vrai massacre !
Comment résister au sourire d'une femme ? demandait déjà le Mahabharata. Michèle, donc, m'a prié, avec des arguments qu'un homme ne saurait refuser, de passer la tondeuse en contrebas du cabanon entre les oliviers, grenadiers et figuiers envahis par des herbes géantes après les deux mois de pluies que nous avons eues. Un chardon mesurait un mètre cinquante avec un tronc de 4 centimètres. Ce qu'elle aime, ce n'est pas la nature sauvage, c'est la nature travaillée par la main de l'homme !
Ma puissante tondeuse Grillo, du même nom que le fondateur de Old up à Marseille, n'y aurait pas suffi. Il m'a donc fallu user des grands moyens et atteler le gyro-broyeur derrière mon Massey Ferguson 152, opération que je redoute car elle demande à la fois précision et brutalité. Précision pour reculer le tracteur afin qu'il s'adapte exactement aux points de fixation de l'engin et brutalité à cogner avec la masse les énormes organes d'acier pour placer les clavettes où il se doit. Le plus troublant est l'installation du cardant coulissant qu'il faut obliger à pénétrer en pressant sur un petit bouton rétif dans l'orifice noir de graisse plongeant dans les entrailles de la machine, d'où sera transmise la force vers le gyro-broyeur. Frais libertins de l'azur, comme dit Hugo, les papillons dansaient autour du monstre rugissant. L'herbe frémissait de ses habitants. De juteuses sauterelles vertes de plus de 10 centimètres tentaient de s'échapper d'un vol lourd. J'ai dû ralentir pour permettre à un gros crapaud de regagner sa tanière. J'ai même retrouvé Ti-Tigre, le doudou de Faustine, blotti au pied des oliviers depuis 3 mois dans l'attente de jours meilleurs. Il ne restera bientôt qu'une herbe broyée vite desséchée sous laquelle courront les fourmis.
Un lecteur humaniste : - Vous feriez mieux de vous apitoyer sur les réfugiés de l'Aquarius au lieu de faire du sentiment sur des insectes !
- Je ne les oublie pas et je sais bien que j'ai déjà trop attendu pour consacrer un billet aux réfugiés. Je le promets pour très bientôt. Mais si je me plains pour le moment que le monde ne s'intéresse pas assez aux insectes en voie de disparition, c'est justement parce que la diversité biologique et la reproduction des plantes en dépendent et, in fine, l'alimentation des humains en général et des sahéliens en particulier qui se réfugient chez nous... À mercredi.