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Vernon Subutex 2


Jina m'a dit : lis Virginie Despentes et Leila Slimani. J'ai obéi.

Slimani, aucun intérêt ! Son premier roman est l'histoire d'une Emma Bovary qui rêve de se faire défoncer par les 3 orifices et, comme, en plus, c'est écrit par une beurette, ça marche à fond. Mais moi, je n'ai pas du tout marché. De la provoc gratuite, sans style et sans idées.

Despentes, c'est autre chose, un monde, une vision, une vraie grammairienne. Un auteur est né, aussi ravageur que Houellebecq. La trame, c'est l'histoire d'une bande de copains hétéroclites qui vivent à la marge, réunis par le rock et par l'amitié. Virginie a l'art d'entrer par effraction dans la tête de ses personnages divers et de reconstituer leurs pensées et leur style propre, je sais pas comment elle fait. Petit florilège du tome 2 :


La Véro, c’est de la vieille godasse, il l’enfile et il est bien dedans. 46


Charles a gagné à la loterie : À lui le beurre de cacahuète, la bière de marque et le rasoir à 5 lames. 47


Belle peau, cheveux brillants, nez fin, beau port de tête, merde, plus elle la regardait, plus elle avait envie de la voir se faire écraser pas un bus. 64


[Conversation entre 2 clochards]

- De quoi t'as peur, t'as fait des conneries ?

- Je me suis permis d'emprunter deux Pléiades et une montre... à la mauvaise personne.

- Il faut toujours bien choisir ses victimes. Certaines sont moins arrangeantes que d’autres

- Tout à fait. La mienne est très vindicative, très.

- C’est son droit, tu me diras. - C’est son droit le plus strict. Et le mien, c’est d’éviter de la croiser. 121


[Dispute entre filles]

- Alors, tu dis merci à maman et tu baisses d’un ton, chérie ! 128


Un cousin écoutait Motörhead et les Stooge. Je ne savais pas que ça existait une musique pareille. J'ai repensé à Aznavour à la télé et je me suis dit : "Tous les deux ne peuvent pas s'appeler de la musique." À l'intérieur de moi, on avait lâché les loups.


La météo, cette année, c’est Alcatraz. C'est plus un été, c'est le pénitencier. Elle croise le jardinier mignon. Il l’entretient des problèmes d’arbre et de froid, et tout ce qu’elle a en tête, c’est du gonzo pur. Heureusement qu’elle est du type Merteuil, une chatte en feu dans un gant de glace. Mec, tu me parles de buissons et je pense à ta langue sur ma chatte. S’il avait accès à mon disque dur, il changerait de comportement. 218


Miss Kebab est de retour, fraîche comme une rose. L’amitié, c’est pas tu viens dans mon bar me chercher et le lendemain, tu ne me calcules plus. Elle lui a déjà fait le coup deux fois. Elle te raconte sa life. Céleste, tu la prends ou tu l’évites, mais tu fais pas un temps partiel. La bonne humeur en alternance, elle en veut plus. Si Aïcha flippe que les démons à visage humain l’orientent vers le faux comme elle dit, elle a qu’à se tenir éloigné des bars. 224


[Entre deux filles qui préparent une vengeance]

- Et comment tu rentres chez lui ?

- Devine.

- C’est horrible.

- Je me dévoue. 238


Antoine était séduit par l’intelligence des types de banlieue, la rapidité de leurs réactions, l’assurance de leurs intuitions, leur connaissance directe de la vie et par dessus tout cet humour incendiaire qui cassait la misère en deux et la transformait en attitude seigneuriale. 245


Si tu traites mal ta maîtresse, j’ai le droit de m’occuper de son cas. 289


Si on veut se mettre en couple, l’important, c’est d’être réaliste. Une fille mettable, qui fait à bouffer, qui n’a aucune habitude dégoutante et te supporte tel que tu es, sans chercher à te mettre au pas et te faire aimer les légumes verts, on ne peut pas demander beaucoup plus à l’amour. / L’amitié, elle, ne supporte aucun arrangement. Elle réclame l’entière sincérité des deux parties. 312


Bien sûr, il y a Pénélope, le soir à côté de lui, sur le canapé. Mais c’est une meuf. Donc, elle prend tout au premier degré. S’il a le malheur de faire une vanne, elle part en live, obligé. On dirait qu’elle est payée par la police de la bonne morale pour surveiller qu’on ne rigole pas. 313


- Je te mettrai la grosse fessée pour toutes les mauvaises pensées qui t’habitent.

- Je prends pas les fessées, je les donne. 344


(à suivre)

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