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Lutte des classes et lutte des classements


"La lutte des classements est une dimension oubliée de la lutte des classes;" J’ai souvent cité cette phrase de Pierre Bourdieu extraite de La Distinction, qui me semble le résumé le plus significatif de son œuvre. J’aime bien la paranomase classe/classement. La lutte des classes, on connaît. Marx qui l’avait empruntée aux socialistes français en passe pour l’inventeur grâce à Engels.

La lutte des classements est un concept largement psychologique. C’est la rivalité pour occuper la meilleure position symbolique. Symbolique ne veut rien dire du tout. Ça veut juste dire que ce n’est pas matériel. Pour Bourdieu, il y a en effet le capital économique et le capital symbolique. Comme Bourdieu est sociologue et que la psychologie est bannie de la sociologie depuis Auguste Comte et Émile Durkheim, il dit symbolique mais il serait plus simple d’avouer qu’avec la lutte des classements, on s’avance dans la psycho. Le classement, c’est la classe entendue comme prestige, distinction, brio. C’est le fait d’être admiré, envié, imité, courtisé. Cela procure un sentiment de supériorité, cela flatte l’amour-propre, nous y voilà. La psychologie implicite de Bourdieu n’est pas celle du complexe d’Œdipe et de la castration, c’est celle de l’amour-propre et du besoin de reconnaissance qui me semble si importante (mes billets sur Homère, Jésus et Rousseau), et dont je reparlerai vendredi avec des exemples.

Reste à bien délimiter dans les rivalités humaines, le rôle de l’argent et le rôle de l’amour-propre. Pour Bourdieu, l’argent reste essentiel puisque la lutte des classes englobe la lutte des classements qui n’en est qu’ « une dimension cachée ». Il est clair que nous avons tous un estomac et que notre premier souci, un souci vital, est de le remplir chaque jour que Dieu fait. Mais, une fois le besoin matériel satisfait, non seulement, le besoin de reconnaissance prend le relais, mais il sur-détermine et excite sans limite l’appétit des biens matériels. C’est de cela que notre planète est malade.

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