Histoires drôles
Là encore, je vais prendre un risque. Pile, je vous fais sourire, face, je recule de 3 cases. La blague, comme on dit, est un art mineur, vulgaire même. Il existe pourtant un art de la blague, qui équilibre les stéréotypes avec la surprise de la chute. Tout doit être réglé afin que ça tombe juste et qu'on oublie les coups de pouce et les coups de rabot.
Alors, comme disait M. Wittenberger, cet admirable instituteur de la Troisième république, avant d’attaquer la leçon sur les fractions : « Allons-y, casquettes, à la foire aux chapeaux. » (Jacques dixit)
Je tiens la première blague de madame Hamel, paix à son âme ! professeur de littérature française à l’Université d’Alexandrie, qui aimait à raconter des histoires lestes lors des petites réceptions que notre chère Gusine organisait à chacun de nos passages dans la capitale de la mémoire, comme dit Constantin Cavafy. Il y avait toujours un dindon au menu, un vrai.
Un jour, Mohammed rencontre son ami Mahmoud sur la place Tahrir et lui demande :
- Tu as la mine bien satisfaite. Qu’est-ce qui te réjouit tant ?
- Ah, si tu savais, mon ami ! Je suis l’homme le plus heureux du monde. J’ai rencontré la femme de ma vie ! On se marie dans un mois. Au salon, c’est une vraie lady, à la cuisine, c’est une vraie ménagère et au lit, c’est une vraie pute...
- Tu as bien de la chance, mon cher ami, lui répond Mohammed. C’est le rêve de tous les hommes.
Deux mois plus tard, Mohammed rencontre à nouveau Mahmoud sur la place Tahrir. Cette fois, il a la mine longue et les yeux cernés.
- Qu’est-ce qui t’arrive, mon pauvre Mahmoud. Pourquoi tu fais cette tête-là ?
- Ah, mon pauvre ami ! Si tu savais…! Ma femme... ! Ce n’est pas du tout ce que je croyais. À la cuisine, c’est une vraie lady, au lit, elle est terriblement ménagère et, au salon, c’est une vraie pute !
Je dois ma deuxième histoire à mon excellent collègue, André Not, spécialiste de Giono et de bernions, qui excellait aussi à mettre un peu de désordre drolatique dans les fastidieuses réunions du département de Lettres d'Aix.
Une mère avait trois filles. Un jour, elles viennent la voir et lui demandent à sortir ce soir. La mère fronce les sourcils et leur demande avec qui elles veulent sortir.
- Moi, dit l’aînée, je veux sortir avec Charles, parce qu’avec Charles, je parle.
- Bon, tu peux y aller dit la mère.
- Moi, dit la cadette, je veux sortir avec Henri parce qu’avec Henri, je ris.
- Moouich, dit la mère, c’est bon, vas-y…
- Moi, dit la plus jeune, je veux sortir avec Blaise, parce qu’avec Blaise…
- Non, non, non, toi, tu restes à la maison, répond la mère !
Photo : chat de Siphnos.