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La civilisation des mœurs continue


Je me suis souvent étonné que, depuis que le monde est monde, les femmes acceptent sans rechigner de mettre au monde des enfants, de les aimer, de les élever, de les soigner, pendant que les hommes s’occupent de les faire mourir selon des procédés innombrables et bien connus : guerres, criminalité, tortures, flagellations, lapidations, mutilations, exécutions capitales, crimes d'honneurs, sacrifices rituels, génocides, féminicides, infanticides, etc, etc. Le compte est vite fait : quand le sang coule, dans 99 % des cas, ce sont les hommes qui ont confondu la chair et le métal.

Je ne connais qu’une exception, Lysistrata, encore est-ce l’invention d’un homme, Aristophane, en 411 avant J-C. La femme qui donne son nom à cette comédie convainc les femmes d’Athènes et des autres cités du Péloponnèse de faire la grève du sexe jusqu’à ce que les hommes arrêtent la guerre.

Le pire n'étant jamais certain, une bonne nouvelle nous attend cependant. Un article de Frédéric Joignot m’a frappé dans le Supplément IDÉES du Monde de samedi. On y apprend que la civilisation des mœurs, ce processus entamé au XVI° siècle, mis en lumière par le sociologue allemand Norbert Elias en 1939, poursuit son cours sous la mondialisation. Joignot a deux formules : Le monde se féminise. Les femmes civilisent les hommes. De fait, l’éducation des filles est partout en hausse dans le monde grâce à l’école et grâce à internet. Résultat, partout la violence recule dans des proportions importantes sauf dans les zones où rodent des bandes de garçons.

Grâce à l’éducation, les femmes ont aussi moins d’enfants, ce qui prépare le seuil démographique et contribue à la disparition de la pauvreté. Depuis 1990, la mortalité infantile a diminué de 50 % dans le monde et le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté (2 dollars/jour) a diminué de façon spectaculaire : 44 % en 1981, 37 % en 1990, 13 % en 2012, selon la Banque mondiale. C'est une nouvelle considérable !

Enfin, Dominique Bourg, page suivante, insiste sur la nécessité d’un récit encourageant pour contrer le catastrophisme ambiant. En voici un propre à mobiliser les millennials, la génération née entre 1980 et 2000. Propre aussi à faire réfléchir les femmes calfeutrées sous leur voile.

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