Marché aux puces et art contemporain
Qui ne connaît le marché aux puces de Arnavaux ne connaît Marseille dans toute sa majesté. Ça vaut un aller-retour TGV, oh, les Parisiens et en métro, oh, les Marseillais du 8° ! Choisissez impérativement le dimanche où la foule est la plus épaisse. À peu près un million de personnes, maghrébines à 99 %, plus les gitans et leurs maigres étals sur les trottoirs avoisinants. Le plus grand bain de foule que vous aurez éprouvé, une sensation océanique. Économisez un billet d'avion pour Le Caire ou pour Tanger. Les Puces est le ventre de Marseille. Plusieurs rues entre des hangars géants. Des centaines d'étalages de fruits et légumes, boucherie, épices, tout... Prix imbattables, évidemment. Aussi, électroménager d'occasion ou neuf, bricolage, électronique, meubles d'Orient et d'Occident, pièces détachées pour tous moteurs. Luxe et camelote. Tout, je vous dis... Et, une odeur que je n'ai reniflée nulle part, signature du lieu, non dérangeante. Sol de terre battue bien balayé, dépotoirs à la marge. Ambiance très conviviale. Prévoyez la journée. Couscous sur place.
Les puces à l'ancienne ont disparu, mais vintage a gogo dans la Halle des antiquaires. Là, zéro maghrébins, rien que des bobos comme vous et moi, ma.mon lectrice.teur. Prenez le temps de boire un café avec Igor et Abi ou de serrer la main de Richard à l'étage, occasion de parler un peu philosophie, la vraie, pas celle de vos amphis et de vos bouquins, oh, les intellos !
Et puis l'expo géante du jeune artiste espagnol Gonzalo Borondo que nous avons découvert, Michèle et moi, à cette occasion, une révélation ! Ça s'appelle MATIÈRE NOIRE BORONDO SHOW. Avec quelques complices, Borondo a colonisé les 2 niveaux de la Halle, mêlant ses installations avec les objets à la vente dans les divers espaces. Tout ça sous l'égide de la Galerie Saint Laurent de Catherine Coudert qui nous a fait les honneurs. Borondo qui a peint souvent sur les murs des villes, expose ici des verres qu'il gratte. Et il a beaucoup gratté et beaucoup installé. Son thème est l'illusion et l'interprétation optiques. On ne s'ennuie jamais. C'est fort !
Le 31 août, j'ai pensé distinguer 4 tendances dans l'art contemporain, le trash, ou destroye, le kitch, le techo fun et le brutalisme. Avec Borondo, les quatre tendances sont confondues. Les objets utilisés ont tous été récupérés sur place selon une éthique systématique de non-conso : bibelots, mobilier, photos, diapos, vidéos, miroirs. Le hangar a été traité comme une immense boite noire divisée en 24 compartiments comme les lettres de l'alphabet. C'est presque impossible à photographier car une installation en 3 et même en 4 D dont le thème est l'optique ne peut être enfermée en 2D.
On est loin de la Fondation Vuitton, de Bernard Arnault et des paradis fiscaux (mon billet du 15 novembre), oh, les puciers !
Cet art éphémère sera détruit le 31 janvier.
Photos : deux tags des Puces et une peinture murale de Gonzalo Borondo.