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À tous les Parisiens


Le premier qui dit qu'il fait beau en Provence, je lui casse la figure ! Vous ne voyez pas qu'il n'a pas plu depuis le mois de mai parce que l'anticyclone des Açores nous martyrise. Nos pauvres oliviers ont pris une mauvaise teinte jeaunasse et recroquevillent leur petites feuilles pour donner moins de prise à la sécheresse. Respectez au moins ceux qui vous nourrissent, oh, les Parigots ! Les olives n'ont que la peau et les os, comme les Éthiopiens de jadis. Alors, je ne dirai pas qu'il fait beau tant qu'une nouvelle lune ne nous aura donné deux semaines de pluie ! Vous ne méritez que ces odieux cyprès, comme dit Horace !


Pour adopter, cependant, un ton un peu différent, approprié à votre entrée dans l'automne, oh, Parisiens ! j'ai choisi à votre intention un sonnet aigre-doux écrit par Alfred de Musset en août 1829.


Que j’aime le premier frisson d’hiver ! le chaume, Sous le pied du chasseur, refusant de ployer ! Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume, Au fond du vieux château s’éveille le foyer ; C’est le temps de la ville. — Oh ! lorsque, l’an dernier, J’y revins, que je vis ce bon Louvre et son dôme, Paris et sa fumée, et tout ce beau royaume (J’entends encore au vent les postillons crier), Que j’aimais ce temps gris, ces passants, et la Seine Sous ses mille falots assise en souveraine ! J’allais revoir l’hiver. — Et toi, ma vie, et toi, Oh ! dans tes longs regards j’allais tremper mon âme ; Je saluais tes murs. — Car, qui m’eût dit, madame, Que votre cœur sitôt avait changé pour moi ?


Photo : L'allée des cyprès à Sainte-Cécile-les-Vignes.










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