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Beautés du Coran


Michel Houellebecq écrit dans Soumission : "Pour le bouddhisme et pour le christianisme, le monde est souffrance, alors que pour l’islam, la création est parfaite, un chef d’œuvre absolu. Le Coran est un immense poème mystique de louange au Créateur et de soumission à ses lois."

Il me semble qu'il a raison. Le Coran est bien un poème qui chante la beauté du monde. Pour le croyant, le Coran évoque la beauté, la bonté et la douceur du monde en une langue qui émerveille aussi, qu'elle soit lue, récitée ou psalmodiée, celle de Dieu clément et miséricordieux, al-rahman, al-rahim.

La sourate LV, « La Fiancée du Coran », est celle qui a la faveur du plus grand nombre de musulmans. Le refrain « Lequel des bienfaits de Dieu nierez-vous ? » rythme 28 fois l’énumération des beautés de la nature, le soleil et la lune, les plantes et les arbres qui se courbent devant Dieu, les fruits et les palmiers dont les fleurs sont couvertes d’une enveloppe, le blé qui donne la paille et l’herbe, etc., et plus encore les beautés du paradis avec ses deux jardins ornés de bosquets, ses deux fontaines, ses deux espèces de fruits, ses jeunes vierges aux grands yeux noirs, au regard modeste ressemblant à l’hyacinthe et au corail.

J'ai fait moi-même une petite moisson des beautés du monde évoquées dans Le Coran qui me font dire que Mohamed est aussi grand poète que Moïse


« Les grains disposés par série et les palmiers dont les branches donnent des grappes suspendues », « les olives et les grenades qui se ressemblent et qui diffèrent les unes des autres » (VI, 99), « les cieux et la terre qui se couvrent l’un de l’autre, le soleil, la terre et les étoiles soumis à l’ordre divin » (VII, 52, XVI, 12), « les ombres des êtres qui se courbent devant Dieu les matins et les soirs » (XIII, 16), « la matrice de la femme qui se resserre ou s’élargit » (XIII, 9), « l’homme créé d’une goutte de sperme » (XVI, 4), « les bêtes de somme dont il tire vêtement, nourriture et moyen de transport » (5-6-7-8), « l’eau qui lui sert de boisson et fait croitre les plantes » (XVI, 10-11), « les objets de différentes couleurs » (XVI, 13), « la mer qui fournit poissons et ornements et porte les vaisseaux » (XVI, 211), « les étoiles qui servent à se diriger » (XVI, 16), « l’abeille mellifère » (XVI, 70-71), « la terre pour le repos, le tracé des chemins, les troupeaux et les tombes » (XX, 55-57), « les nuages que Dieu pousse légèrement, réunit par monceaux d’où il fait sortir une pluie abondante » (XXIV, 43), « les animaux qui marchent les uns sur le ventre, d’autres sur deux pieds, d’autres sur quatre » (XXIV, 44), « la nuit pour le repos, le jour pour le travail » (XXVII, 88), etc. (traduction Kasimirski)


Qui ne partagerait la gratitude du musulman envers le créateur d’un monde si beau ? Les ingrats, certainement, irrespectueux du cadeau que la vie leur a fait, et les déprimés aussi. Les seconds sont plus à plaindre qu’à blâmer. Après tout, si je suis heureux chaque matin en voyant le soleil se lever ou la pluie tomber, si je me réjouis devant le merveilleux phénomène des saisons, devant la poussée vitale qui fait fleurir les cerisiers au printemps, devant la prodigieuse intelligence qui préside au bon fonctionnement de notre organisme, devant la magique complémentarité des sexes, etc., etc., ne suis-je pas plus proche de l’esprit du Coran même si je ne fais pas les cinq prières, que si je les fais, mais que mon cœur est plein de ressentiment contre la vie et contre les koufars ?


Photo : la mosquée Ibn Touloun au Caire.

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