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Les Sœurs de la Compassion


Photo Paz Erràzuziz, Chili

La journée du patrimoine nous a permis de visiter le couvent des Sœurs de la Compassion à Saint-Barnabé. J'ai plaisanté Matilda en lui disant qu'elle serait peut-être touchée par la grâce. Il y avait encore une trentaine de sœurs en 1965 dont on peut interroger les visages. Je frémis en pensant surtout au troisième vœu que l'Église leur a arraché : chasteté, après obéissance et pauvreté. Aujourd'hui, il en reste 6, âgées ou malgaches.

Il faut dire que ces sœurs me frappèrent par leur gaité, pour ne pas dire leur jovialité. Une jeune sœur malgache me frappa même sur le bras quand je lui assurai que le Bon Dieu n'aimait pas les sacs en plastique, dont elle enveloppait la bouteille de limoncello du couvent que Sabine m'offrit, parce qu'ils dégradaient sa création. Il s'avéra finalement biodégradable à 100 %.

J'ai un peu modifié mon jugement en découvrant l'histoire de cette congrégation fondée en 1843 par le "Bon Père Barthès". Sa devise est obéir, souffrir, compatir. Les deux premiers termes choquent de plein fouet l'esprit des Lumières et toute notre modernité. Le troisième donne plus à réfléchir. Nous avons la Sécurité Sociale depuis 70 ans. Mais avant ? Qui s'occupait des orphelins, des incurables, des prostituées sur le retour, des clochards, des mourants ? En 1802, dans son Génie du christianisme, Chateaubriand demandait aux républicains d'y penser. Les œuvres religieuses bénéficiaient des donations des riches, eux-mêmes inspirés par les injonctions chrétiennes à la charité.

Les Sœurs de la Compassions se dévouèrent en faveur des femmes abandonnées. Elles adoptèrent le culte de Notre Dame des Sept Douleurs. La pietà de Michel Ange est leur emblème ainsi que le cœur de Marie percé d'un glaive qu'elles portent sur le pendentif qu'on peut voir sur la photo. Voici trois pensées de Sœur Thérésine, Mère Supérieure de 1990 à 2000, exposées dans le labyrinthe de buis :


Ô mon Dieu, faites-nous passer par telle angoisse, peine et ennui que vous jugerez à propos, mais empêchez-nous de craindre autre chose que le péché. Soutenez notre faiblesse afin qu'au jour de la gloire, vous puissiez convertir nos chagrins en véritable joie.


Seigneur, point d'honneur si ce n'est dans la croix de Jésus Christ ; point de bonheur sur la terre sans elle. Je n'en veux point d'autre que celui d'être privée de toute satisfaction humaine, d'avoir sacrifié tout ce qui n'est pas Dieu, de m'être sacrifiée moi-même tout entière par mes trois vœux. Voilà pourquoi je trouve mes délices à renouveler tous les jours mes vœux.

Continuez, mon Dieu, de me faire sentir que c'est à mon corps mortel de recevoir la loi, et non pas de la donner.


Faites que l'esprit de sainte gaité descende en moi et dans toutes mes compagnes présentes et futures, afin qu'à la faveur de cet esprit, nous avancions de vertus en vertus avec les âmes que nous vous gagnerons, et que nous arrivions au ciel pour vous y glorifier et jouir de la félicité éternelle.


Les Sœurs de la Compassion en 1965

 
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