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Tampon hygiénique


À Vienne, en juin dernier, la curiosité m'a poussé vers le MUMOK qui présentait une immense exposition d'art contemporain. J'avais pourtant été mis en garde par le Petit Futé : « Âmes sensible et esprit étriqués s’abstenir ». J'ai dû convenir que cet avertissement me définissait complètement à sentir la colère monter en moi devant une si belle coquille de béton, tant de milliers de mètres carrés et tant de bons euros consacrés à montrer des œuvres aussi fadasses et aussi convenues. Nous avons oublié de célébrer le centenaire du coup de génie réussi par Duchamp en août 1917 à New-York avec son urinoir renversé intitulé Fontaine, ce coup de poker destiné à vérifier jusqu'où irait le panurgisme des gogos. Ce fut un triomphe ! Lire à ce sujet Alain Boton, Marcel Duchamp par lui-même (ou presque), 2012, éditions Fage. L'art qui se dit abusivement contemporain répète ce geste en boucle, alternant juste le trash et le kitch, ad nauseam. Pourquoi ad nauseam ? À cause de l'auto-satisfaction naïve consistant à répéter mille fois le même geste comme s'il s'agissait d'une innovation. Je ne vois qu'une légitimité au trash qui inonde les musées de la planète avec le soutien du Marché et de l'État, pour une fois réconciliés, c'est de consoner avec le ravage de notre écosystème.

Une seule œuvre a retenu mon attention, représentant les cuisses entrouvertes d'une femme occupée à se retirer un tampon hygiénique sanguinolent. Je demande pardon à l'artiste de n'avoir pas noté son nom. C'est fort ! Je n'hésiterai pas à dire que c'est à la hauteur d'Egon Schiele exposé au Christina, juste en face, et qui fut la révélation de ce voyage. Schiele scandalisa les bourgeois de Vienne autant que Duchamp dans les mêmes années. Mais c'était un précurseur, et avec quel talent ! J'ai pris 100 photos. N'en voici qu'une :

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