top of page

Émilia Pérez, un beau film



J’ai beaucoup aimé le film de Jacques Audiard ! Certains me diront que la démonstration est vraiment lourde. Un redoutable criminel se fait opérer et se lance dans l’humanitaire une fois que le chirurgien a changé son sexe… Les hommes sont cruels / les femmes sont seules humaines. CQFD. Il y aurait de quoi s’indigner d’une leçon dispensée de façon aussi grossière.

Eh bien non, ça marche, et on est complètement emballé par le scénario, par les acteurs et par la musique. Et on pense.

Il faut d’abord reconnaître que le sang, c’est une affaire d’hommes, le sadisme, le crime, les prisons, les guerres. Ouvrez le journal. Lisez les livres d’histoire. Je sais : vous allez tout de suite me dire qu’il y a des femmes sanguinaires. Disons 10 % de femmes contre 90 % d’hommes, ça vous va comme proportion ? La vérité, c’est que les femmes mettent des garçons au monde qui se précipitent pour s’entretuer. L’histoire est le long cri de douleur des mères à genoux sur le cadavre de leur fils. Je ne me sens nullement solidaire de mon sexe !

Cela est-il le résultat du patriarcat ou le résultat des hormones ? Je n’en sais fichtrement rien et vous non plus. Voilà le genre de question insoluble, la part de l’inné et de l’acquis, dont on peut débattre 100 ans. Je ne sais pas, on ne sait pas !

Pour revenir au film, ce que j’ai trouvé beau, c’est que c’est l’histoire d’une conversion. Je suppose que c’est une opération longue et lourde que de passer du masculin au féminin. Un passage. En plus, le personnage a dû couper tout cordon, quitter pays et famille, remettre le compteur à zéro, faire son introspection, gérer son sentiment de culpabilité. Une seconde naissance. Il y a un avant et un après.

Oui, ce film est l’histoire d’une conversion et cela provoque un élan émotionnel contagieux. Il y a de la morale là-dedans. Le spectateur ne peut y être insensible. Enfin un film qui finit bien ?

Malheureusement non : c’est pas tendance, un film moral qui finit bien. Alors, le réalisateur a rajouté une troisième partie où tout part en vrille. Ça tire dans tous les sens, c’est la cata. On a déjà vu 100 fois ce genre de fusillade où, la nuit, on rampe sous les voitures pour se mettre à l'abri. C'est conventionnel et ça ne dit rien sur le fond.


Photo : Artemisia Gentileschi, Judith trucidant Holopherne.

Comments


bottom of page